Transmettre les acquis

En dehors de mes interventions dans les filières du CEP, l'université de Nanterre m'offrit aussi, plus particulièrement son département de sciences de l'éducation, un espace pour transmettre ma passion, au sens fouriériste du terme, mon expérience et mes savoirs en matière d'éducation permanente à des étudiants intéressés ou se destinant aux métiers de la formation continue. Il me fut confié tout d'abord une UE (unité d'enseignement) de maîtrise intitulée "Formation des adultes", puis un séminaire du DESS cadre pédagogique de la formation, intitulé "Actualité et économie de la formation". Ces enseignements, y compris celui que j'assure annuellement à l'université de Lyon II, m'ont permis, non seulement de revisiter et d'approfondir mes connaissances sur un certain nombre de points, mais aussi de réorganiser mes pratiques et de m'en distancier. Ils ont, par ailleurs, confirmé mon intérêt théorique et méthodologique pour l'ingénierie de formation et la nécessaire maîtrise d'un champ large de connaissances en sciences humaines qu'elle requiert. Ce qui, d'une certaine manière légitime ou explique mon profil professionnel pluridisciplinaire.

Ma collaboration à l'activité du département de sciences de l'éducation fut aussi le lieu d'une expérience nouvelle, celle qui consiste à guider, accompagner, conseiller des étudiants dans leur travail de mémoire de DESS. Cette activité de conduite fut aussi l'occasion d'une réflexion sur ma représentation du savoir, sur sa place et sur sa production, ainsi que sur les formes de la relation pédagogique et du pouvoir-séduction qui s'y joue. En effet, ce changement de place qui consiste à gérer au plus près une relation pédagogique individuelle modifia non seulement certaines de mes pratiques de conduites de groupes en m'efforçant de davantage personnaliser l'écoute, par exemple, mais m'amena aussi à reconsidérer avec humilité mes savoirs et un rôle de formateur qui exige, là plus qu'ailleurs, de conjuguer la prudence dans l'exigence, le conseil et le renforcement dans la fermeté, en préservant la liberté d'apprendre et la capacité à créer et à produire. Ce travail d'accompagnement m'incita à réinterroger mes savoirs, à confronter mes propres connaissances au doute légitime et aussi, de manière plus pragmatique, à relancer la réflexion que j'avais engagée quelques années auparavant sur le tutorat.