Conclure provisoirement et poursuivre

Afin de conclure cette brève biographie, je soulignerais que cette dernière partie de mon parcours fut, comme les autres, l'occasion de rencontres significatives, mais il est toutefois encore trop tôt pour en mesurer précisément l'influence. Dans la toute dernière période, même si l'illettrisme occupe une large place, d'autres champs de réflexion et d'intérêts se sont ouverts comme celui des nouvelles technologies éducatives (Réflexion sur les effets du multimédia sur l'ingénierie de formation, 1995) ou du droit à la formation dans les fonctions publiques (Fonction publique et formation, 1996). D'autres seront peut-être l'objet de publication, en particulier le travail que je conduis avec Paul Dupouey et un groupe de formateurs sur la place et le rôle de l'éthique dans l'activité des formateurs d'adultes (Ethique et formation, 1996).

A le parcourir à nouveau par l'écriture, mais n'est-ce pas là l'enjeu et le piège de toute construction a posteriori, mon itinéraire m'apparaît cohérent, des lignes de force s'en dégagent : intérêt pour les faits sociaux et les publics de la deuxième chance, une approche généraliste et interdisciplinaire au coeur des savoirs qui traversent et alimentent les sciences de l'éducation : de ceux qui s'intéressent à l'individu dans sa dimension unique à ceux qui l'observent et tentent de le comprendre dans son environnement, ses fonctionnements et sa dimension collective.

Mais ce parcours au gré de "la papillonne", passion incontournable de l'harmonie fouriéenne, essentielle de mon point de vue à la découverte et à la recherche, ne s'interrompt pas ici : d'autres pistes surgissent ou s'affirment. S'affirme la préoccupation éthique sur laquelle je compte aller plus loin que le premier constat de l'état de la question dans le champ de la formation et s'affirme mon intérêt pour une meilleure connaissance de l'illettrisme, en m'engageant dans le programme de recherche proposé par le GPLI, où je tenterai de mettre à jour les représentations que les illettrés se font de la formation et celles que les formateurs se construisent des illettrés. Surgit un intérêt nouveau, lié à la rencontre déjà ancienne de Christian Carlier, sur le rôle et la fonction de la formation en milieu carcéral et resurgit régulièrement ce qui pour moi est une question centrale mais à bien des égards mystérieuse, celle de la production de savoir. Ensemble de questions de recherche que je compte mener en parallèle à mon activité de formateur d'adultes car, comme l'écrit Jean Houssaye, "le pédagogue ne peut être ni un pur praticien, ni un pur théoricien. Il est entre les deux, il est cet entre-deux. Le lien doit être à la fois permanent et irréductible. Car le fossé entre la théorie et la pratique ne peut que subsister. C'est cette béance qui permet la production pédagogique"547 .

Notes
547.

Houssaye J. (dir.), Quinze pédagogues, leur influence aujourd'hui, Ed. A. Colin, Paris, 1994, p. 11.