S'inscrire dans un paradigme probabiliste. Acceptation de la "non-certitude".

Dans le domaine de l'humain, un paradigme probabiliste semble seul pouvoir avoir droit de cité, dans toute "évaluation" d'une intervention. Nous donnons au mot "paradigme" le sens de modèle explicatif conceptuel dont dérivent les analyses de la réalité 21 . Tout au plus peut-on supputer...et espérer, que l'action a bien eu "des effets". S'il y a bien eu changement constaté chez l'enfant, qui peut affirmer avec certitude, que c'est telle ou telle proposition de "l'aidant", qui en est "cause"?...Nous ne pouvons cependant pas évacuer une telle question, nous étant donnée pour tâche, dans cette recherche, d'évaluer les effets "probables" de l'intervention rééducative, ou du moins, plus exactement, les effets "probables" du processus rééducatif sur l'enfant, ce qui est très sensiblement différent, nous nous en expliquerons, comme nous expliquerons comment nous prétendons "évaluer" les effets (et non l'enfant) du processus rééducatif, en ne dévoyant pas une démarche clinique conçue comme une rencontre respectueuse du sujet.

Nous devrions pouvoir proposer, en fin de parcours, un "modèle" de la rééducation, qui puisse rendre compte de ce qui est rééducatif pour l'enfant 22 . Nous compléterons ce "modèle" par un schéma qui tente de mettre en évidence les principales dimensions de ce qui est rééducatif pour cet enfant, c'est-à-dire de ce qui lui permet de (re)devenir un élève, inscrit dans la collectivité scolaire et dans les apprentissages. Cette démarche clinique pourra prétendre à un statut "scientifique", dans la mesure où ce sont les processus et non les personnes qui sont observées, et que des traits significatifs pourront être relevés répétitivement un certain nombre de fois, avec un nombre suffisant d'enfants. C'est au niveau de cette répétition que nous pourrons situer ce qui pourrait peut-être constituer un "modèle" d'intelligibilité de la pratique rééducative.

Notes
21.

Terme introduit par Thomas KUHN (1983). La structure des révolutions scientifiques. Selon cet auteur, il s'agit d'un principe explicatif qui, à un moment donné de l'histoire, fonctionne dans différents registres de la connaissance. Par exemple, au XVIIème siècle, le même paradigme causaliste, cartésien, fonctionne en philosophie, en physique, en biologie, en médecine, en histoire, en sociologie...Jean BERBAUM (1982) lui donne le sens de "ensemble de croyances, de conceptions, de valeurs, c'est le modèle conceptuel dont dérivent tous les discours de celui qui en a fait son système explicatif." (p. 43).

22.

"Modèle" de la rééducation. "Qu'est-ce qui est rééducatif?". Proposé dans la conclusion de la troisième partie de cette recherche.