1-2- "Faire oeuvre de soi-même".

Beaucoup d'enfants sont exclus de l'instruction du fait de leur condition sociale, en ce milieu du dix-huitième siècle, et quelques pédagogues vont aller vers eux, consacrer leurs efforts à tenter de les instruire afin d'améliorer leur sort. Nous en évoquerons un seul, dans la mesure où ses positions sont radicalement en rupture avec celles, "héritées" du dix-septième siècle, en France.

Convaincu de l'urgence d'éduquer et d'instruire les enfants pauvres et les orphelins, Johann Heinrich PESTALOZZI (1746-1827) met en oeuvre auprès de ceux-ci les idées de COMENIUS et de ROUSSEAU. Pionnier, parmi les pédagogues, d'un enseignement "spécialisé" qui n'existe pas encore, se consacrant à des enfants en marge de la société, PESTALOZZI fait oeuvre créatrice. En 1799, à Stans, il se charge presque seul de 62 orphelins de guerre. Tout être humain possède des forces fondamentales "de la tête, de la main et du coeur", dit-il. Il s'agit de "faire une oeuvre de soi-même", et ce, malgré la mutilation sociale. Une seule solution: éduquer. N'est-ce pas affirmer, comme l'avait fait COMENIUS, que le fait de "se trouver", de se connaître , de se repérer dans sa propre histoire , est indissociable de la construction de ses apprentissages et de ses relations sociales?