2-1-1- Une position universaliste de la pédagogie, conduit l'éducateur à vouloir guider l'enfant sur LE chemin unique, et ne laisse pas de place aux différences.

Une conception selon laquelle tous les enfants se développeraient selon un modèle unique, linéaire et continu, c’est-à-dire selon le même rythme, suivant des “étapes” successives et hiérarchisées qu’ils franchiraient sensiblement au même moment, influence d’une manière décisive la conception de la pédagogie . Le présupposé scolaire se fonde sur un principe humaniste optimiste qui affirme l’égalité de tous les hommes, y compris devant l’appropriation du savoir. Ce que l’on nommera “l’égalité des chances” y trouvera ses origines. Conception linéaire et continue du développement, et conviction d'une identité-égalité des enfants devant le savoir, préparent la position d'une pédagogie traditionnelle et universaliste, qui prétendra vouloir faire parcourir le même cursus, au même rythme, et avec les mêmes méthodes, à tous les enfants.

Il s'agirait alors pour le pédagogue de guider l'enfant sur ce chemin, de l'aider à entrer dans le moule du même programme et dans celui des meilleures méthodes établies par l'adulte, en un mot, de l'aider éventuellement à s'adapter à l'enseignement tel qu'on le lui proposera, magistral et unique. Toute déviance du parcours unique va d'abord être comprise comme inadaptation, et susciter de l'inquiétude. Elle va devoir ensuite être immédiatement corrigée, le plus tôt possible "avant qu'il ne soit trop tard". Il s'agira de remettre l'enfant dans "le bon", "le droit chemin". La croyance en "l'égalité des chances", fondée sur un principe universaliste conjugué à une conception linéaire du développement, ne laissant pas de place à l'autre hétérogène, revient à nier les différences. Dans cette optique, aucun enfant n'étant exclu a priori de l'instruction, tous sont supposés mis égalitairement sur la même ligne de départ.

L'exclusion était, auparavant, basée principalement sur des raisons sociales, ou bien était due à des pathologies importantes. L'école va désormais, à son tour, secréter marginalisation et exclusion.