3-1- La médecine appelée au chevet de la pédagogie pour rendre "dociles" les élèves "récalcitrants". "Rééducation", "Prévention"...

Jean Martin CHARCOT (1825-1893), médecin aliéniste français, donne des cours qui ont un grand retentissement, à l'hôpital de la Salpêtrière. Il expose le succès dans les années 1870-1880 des méthodes hypnotiques avec des "malades nerveux" et en particulier les hystériques. FREUD, qui assiste à ses cours, utilisera d'abord l'hypnose avant de donner la première place à la fonction de la parole et d'abandonner complètement la technique hypnotique, lorsqu'il élaborera ce qui deviendra la psychanalyse.

En 1886, l'Inspecteur d'Académie de Nancy, Edgar BERILLON, préconise les méthodes hypnotiques utilisées pour les aliénés comme remèdes auprès des enfants "rebelles", "méchants"pour lesquels les pédagogues se déclarent impuissants. La suggestion, grâce à l'hypnose, comme outil thérapeutique, est considérée comme le moyenidéal de les rendre "dociles". C'est ‘ "une arme nouvelle pour le bon combat"..."nous lui livrons (à l'éducateur) l'ennemi à demi terrassé" 41 . Le projet ne s'arrête pourtant pas là. Edgar BERILLON envisage la possible extension de ces méthodes, à toute éducation, dans une optique de prévention des déviations: ‘ "...Nulle résistance de la part de cet esprit abattu qui écoute inconsciemment la voix douce, insinuante, caressante, paternelle, mais en même temps ferme et incisive."(CIFALI, 1994, p. 57).Dans le principe éducatif dominant à cette époque, lequel préconise le redressement des "mauvais penchants" de l'enfant, hypnose et suggestion apparaissent comme des techniques plus "douces", tout à fait envisageables pour ‘ "forger un être moral, altruiste et équilibré" ’ (id.). Il est vrai que la violence faite à l'enfant, bien que non moins réelle dans cette conception, serait moins visible...

Une "rééducation" par l'hypnose, pourrait-elle devenir technique de "prévention" des "enfants rebelles" à l'instruction?

Notes
41.

F. HEMENT (1887), Hygiène et médecine morales, Revue de l'hypnotisme, p. 166, cité par Mireille CIFALI (1994, p. 57).