4-2-Vérification d'une première équation: “enfant égal élève”.

Un choix est fait a priori: c'est "le cancre" qui est mis en cause. Dans cette optique, il est nécessaire de vérifier si "le mauvais élève" relève bien du système de l'école. La question de la norme et de la normalité, qui vont de pair, se trouve ainsi posée.

En 1904, l'administration de l'Education Nationale, confrontée au problème de la pédagogie des "enfants anormaux", créé une commission chargée d'étudier cette question. La démarche adoptée, est logique par rapport à la manière dont est posée la question: il faut dans un premier temps évaluer les capacités des élèves afin de vérifier leur adéquation, ou non, à l'école. La suite de ce raisonnement est que si l'élève est reconnu "anormal", le système de l'école lui-même, tel qu'il se présente, n'est pas à remettre en cause, puisque la responsabilité se situe dans l'élève.

La première préoccupation de cette commission consistera à repérer, à dénombrer les enfants qui ne s'accordent pas au système scolaire. On s'adresse à messieurs BINET et SIMON qui se trouvent d'abord déconcertés par ce problème.

Alfred BINET (1857-1911), psychologue, écrivain, esprit encyclopédique, avait imaginé des petites questions à poser aux enfants des écoles. Son enquête, dans les écoles de Paris, ramène à 2% la proportion d'enfants rebelles à tout effort. Dans le langage de la caractérologie en usage alors, ces enfants étaient catégorisés comme "amorphes". Il avance une première hypothèse:"On ne naît pas paresseux, on le devient"

Alfred BINET, aidé de Théodore SIMON, médecin, parvient à une deuxième hypothèse: les enfants en difficulté ne sont pas dépourvus d'intelligence. Leur intelligence correspondrait à celle d'enfants plus jeunes.