"Normaliser" des "anormaux incurables"?

Les tests, en particulier lorsqu'ils ont déterminé le handicap mental de l'enfant, décideront du caractère définitif de cette déficience (avant que ce caractère irréversible ne soit remis en question). En cataloguant ainsi l'enfant sans possibilité d’appel, les tests tendront à confirmer la nécessité d'exclure définitivement ces enfants des "filières normales".

Pourtant, dans les intentions déclarées, rien ne s'opposait à ce qu'un enfant rejoigne les autres élèves dans une classe ordinaire, après un séjour plus ou moins bref en classe spéciale. Le passage théorique en était prévu. La mesure était donc conçue au départ comme transitoire, avec pour mission pour les maîtres de "normaliser" des "anormaux" définitifs. La contradiction n'a pas toujours été simple à porter, assumer, dépasser pour les enseignants de ces classes. La pédagogie des classes spécialisées va connaître la tension d'un paradoxe. Ce paradoxe concernera bientôt une grande partie de ce qui va devenir l'enseignement spécialisé, du moins la partie qui s'adresse à des enfants estimés "récupérables" par le système scolaire. C'est la raison pour laquelle nous devons l'interroger.