Deuxième proposition pédagogique: de "l'allégé". "Ils ne font pas, parce qu'ils ne peuvent pas". Un statut de "malade"?

La deuxième position est liée au fait de reconnaître la dimension psychologique du handicap. Grâce à l'éclairage de la psychologie scientifique, l'explication de tous les échecs et retards par la seule paresse de l'enfant, ou par sa "mauvaise volonté", conception moralisatrice héritée des valeurs du XVII ème siècle, ne peut plus être soutenue. Du moins, elle est mise en doute, et l'on commence à penser que, si l'on ne veut pas renoncer complètement à ce système explicatif, la paresse ou la mauvaise volonté ne sont pas seules en cause. Certains enfants, on l'admettait, ne faisaient pas, non parce qu' ils ne voulaient pas et étaient paresseux ou butés, mais parce qu' ils ne pouvaient pas . On devait même admettre que certains enfants travaillaient, sans résultat. Certains enfants se révélaient "doués" ou "normalement doués" dans certains domaines moins directement liés aux acquis scolaires, alors qu'ils étaient en échec à l'école. Ces constatations permettaient d'ébaucher une dissociation, difficile dans les esprits, entre échec scolaire et échec dans la vie, entre intelligence et sottise.

Cependant, comme les tests ont, non seulement considéré ces enfants "arriérés" comme "en retard" "par rapport à la moyenne des enfants de leur âge", mais qu'ils ont également catégorisé ces enfants comme "arriérés", au niveau psychologique, on ne peut exiger d'eux la même vitesse d'acquisition que pour les autres enfants. Il sera donc nécessaire de leur proposer un enseignement "allégé" dans son programme et dans ses exigences. Il sera nécessaire de mettre en place à leur égard une pédagogie tenant compte de leurs difficultés et de leurs besoins. Toujours selon le même paradigme explicatif d'un retard pris dans un développement linéaire et continu, on leur "donnera plus de temps" qu'aux autres enfants pour accomplir un parcours identique dans lequel, selon leurs forces et leurs capacités, ils s'arrêteront plus ou moins tôt. On réduit donc les exigences à leur égard, comme on peut le faire avec des malades. On pourrait dire qu'on les minorise, comme un malade peut se retrouver minorisé par le fait de confier son sort à un médecin. Entre les mains de spécialistes, il ne leur sera demandé en aucune sorte d'être responsables de leurs difficultés ou de leur changement.

On va ainsi tenter de "normaliser" , adapter, ré-adapter, "rééduquer", ces "inadaptés", "anormaux", "déviants" au système, afin de tenter de réinscrire une partie de ces enfants dans un système inchangé, lorsqu'ils ont "rattrapé".