Si ‘ "la fonction défensive de l'illusion groupale, comme la sensibilité à toute "entame" narcissique amènent le rejet de membres du groupe considérés comme mauvais, perturbateurs, différents..." ’ (KAES, in ANZIEU et al., 1972, p. 19) , cette fonction défensive est une tentative vitale du groupe considéré pour sauvegarder son intégrité et éviter le morcellement, qui serait une mise en oeuvre de la pulsion de mort.
L'idéologie universaliste, fondatrice de l'école devenue obligatoire pour tous les enfants, par la multiplication des élèves en échec, doit affronter désormais cette tension née de sa mise en doute. L'école entre alors dans une période de désillusion, d'errance, de tâtonnement, pendant laquelle elle va chercher d'abord à sauvegarder son idéologie de départ, quitte à expulser vers la périphérie tous ceux qui ne vérifient pas l'équation “enfant égal élève”. S'ils ne rentrent pas dans cette logique, c'est qu'ils sont "mauvais, différents", à rejeter...Les classes de perfectionnement correspondent à la mise en place d'une première structure ségrégative au sein de l'Education Nationale pour les enfants qui ne peuvent s'adapter à un enseignement ordinaire. Les fondations de l'enseignement spécialisé en direction des enfants inadaptés, sont posées au sein de l'Education Nationale.
Ainsi, avec le développement de la méthode des tests et d'une approche "scientifique" et objectivante, non seulement de la difficulté mais aussi de la personne de l'enfant, surgit au sein du système scolaire, une série d'oppositions qui ne cesseront de faire tension entre des notions comme :
Pédagogues des classes "ordinaires" et pédagogues des classes spécialisées, se verront "pris" dans ces contradictions, devront vivre et assumer ces tensions, et tenter de les articuler.
Le souci d'objectivité et de scientificité ne s'assortit-il pas d'une objectivation de l'enfant en en faisant un objet d'observation? L'école tombera-t-elle dans le piège d'oublier le sujet, et, de ne pas entendre ce qu'il peut vouloir inconsciemment signifier par les difficultés qu'il exprime à l'école? L'enfant, quant à lui, pose désormais la question de sa difficulté à l'école. Il va se trouver "pris", lui aussi, dans ces logiques quelquefois contradictoires.
La pédagogie va devoir trouver des réponses.
Ce sont ces questions qui se poseront aux rééducateurs, et que nous retrouverons dans la deuxième partie de cette recherche.