5-3-1- Confiscation du "savoir pédagogique" par la médecine.

C'est en Suisse, dans le canton du Valais, que le Docteur André REPOND, en 1930, crée un premier Centre Médico-Pédagogique 50 . Il s'agit de mettre en oeuvre en éducation et en pédagogie, et dans une interprétation médico-pédagogique des apports de la psychanalyse, une nouvelle science qu'il nomme "hygiène mentale". Son idée est de "prévenir" des troubles par l'application des principes psychanalytiques.

Parents et éducateurs sont déclarés, dans leur grande majorité, incompétents à exercer leur tâche. En contrepartie, le médical se pose en détenteur du "savoir" et confisque celui-ci à la pédagogie. En conséquence, médecins et psychologues doivent s'atteler à la tâche énorme d'améliorer le système éducatif et scolaire. ‘ "Vous accumulez bêtise sur bêtise; nous, nous possédons la méthode qui nous permet de réussir; vous devez changer, ne plus vous aveugler, dissiper votre ignorance" ’. Ainsi parlait André REPOND en 1938 (CIFALI, 1994, p. 30). Les maîtres doivent disposer d'une meilleure formation psychologique. Le psychanalyste Charles ODIER écrira, dans la même veine: "la psychanalyse est en mesure de réparer les erreurs commises...les parents ou l'entourage n'ont qu'à s'incliner pour remettre la direction de leurs enfants aux mains des médecins." ’ (CIFALI, id.).

De tels discours, chargés d'hégémonie, en provenance d'une "psychanalyse" conçue comme toute-puissante, et interprétée dans un registre médical, ne pouvaient, semble-t-il, que déclencher de très fortes résistances et des réactions de rejet, de la part, à la fois, des éducateurs qui attendaient le plus des apports de la psychanalyse pour l'éducation, et de la part des autres, qui n'y croyaient pas.

Une question va devenir insistante et générer des tensions:

Notes
50.

D'après Mireille CIFALI (1994, p. 28 à 30).