1-2- La pédagogie doit-elle s'armer d'une "technologie du comportement" ?

Le rêve d'une pédagogie scientifique se poursuit. Héritière de SKINNER (né en 1904), psychologue américain, la psychologie béhavioriste ou comportementaliste, refuse toute approche qui mettrait en jeu l'introspection, les processus inconscients, le désir insaisissable. Elle prétend ne prendre en compte que des comportements observables, vérifiables, contrôlables et planifiables, du type stimulus-réponse. Conditionnement et renforcement positif en sont les deux méthodes de base.

Une question se pose à l'évidence devant des positions aussi radicalement opposées à celles des pédagogues qui se sont toujours penchés sur l'instruction et les difficultés des enfants. Ce rêve de "scientificité" ne vise-t- il pas à remplacer des valeurs qui furent celles de ces pédagogues? Ceux-ci croyaient dans les ressources de l'homme, et référaient leur acte pédagogique à une éthique. Ils croyaient aux effets de la relation, de la rencontre. Ne s'agit-il pas de prôner d'autres valeurs, qui sont de maîtrise, de contrôle, de planification, d'efficacité, de rendement? L'objectif est-il de remplacer la rencontre humaine par la conjonction efficace d'une "machine à enseigner" et d'une "machine à apprendre"? SKINNER réclamait un "supplément de technique" et réfutait le besoin pour la pédagogie d'un "supplément d'âme" 60 . Cette technique pédagogique renforcée pourrait ainsi s'opposer, selon lui, à la "surpuissance technique" (id) de la société.

Notes
60.

SKINNER. (1972). Revue L'éducation, numéro 155, 23-11-72.