2-1-1- Des besoins constatés. Balbutiements pour des réponses "autres". Naissance "prématurée" des premiers "rééducateurs".

Au cours des années 1960-1970, l'Institution Scolaire reconnaît la présence à l'école, d'enfants en échec, qui ne sont pas déficients intellectuels, et cherche des réponses qui éviteraient leur exclusion du centre du système. Elle commence à former, dès1961, à Beaumont-sur-Oise, des ‘ "maîtres chargés de la réadaptation psychopédagogique" ’ de ces élèves "intelligents" mais en échec 63 . Il est précisé que cet instituteur spécialisé est chargé de"rééducation des troubles dans le langage oral et le langage écrit" et de "la réadaptation des élèves" ’ (id). Il est clair que cette formulation assigne à ces maîtres un objectif précis de lutte contre ce qui a été défini entre-temps comme "la dyslexie".

Le décret du 12 juillet 1963 officialise la rééducation dans l'école, en créant le "Certificat d'Aptitude à l'Education des enfants déficients ou Inadaptés" (ou CAEI) qui remplace le CAEA (Certificat d'Aptitude à l'Enseignement des enfants Arriérés), qui sanctionne la formation.

Ces premiers "rééducateurs" se voient adjoindre, en 1964, des "maîtres chargés de réadaptation psychomotrice". La mission de ceux-ci est de réadapter les "enfants d'intelligence normale ayant des difficultés dans le domaine psychomoteur". Des dysfonctionnements, au niveau de la construction de l'espace et du temps, sont incriminés dans la dyslexie, en particulier, et on va demander tout particulièrement aux rééducateurs, de se centrer sur l'élaboration par l'enfant de ces outils d'appréhension du monde. La circulaire du 28 octobre 1964 organise la première formation de rééducateurs en psychomotricité, au centre de formation de Beaumont-sur-Oise. On évoque, dans ce texte, concernant l'ensemble des rééducateurs, un ‘ "enseignement d'appoint et de rééducation destiné à remédier à un retard anormal de l'élève en certaines disciplines ou à des difficultés scolaires d'origines diverses". (id.).

L'accent est donc mis sur une tâche d'enseignement "d'appoint", donc complémentaire, ou relevant de la reprise, ou de la répétition, apparenté à ce que serait une leçon particulière, du "plus de la même chose", mais le mot de rééducation y est adjoint. La rééducation est alors conçue comme un renforcement pédagogique . La référence à la conception linéaire du développement est explicite à travers la persistance du mot "retard". Un "retard" serait donc, encore une fois, à "rattraper"?

La fonction de psychologue scolaire, elle, plus ancienne 64 , est reprise et développée.

Pour quelle raison avoir utilisé le terme de "prématurée", à propos de la naissance des rééducateurs? C'est parce qu'il faudra attendre 1970 pour que des textes organisent ces professions.

Outre la recherche de mesures de remédiation, on créé des catégories de plus en plus nombreuses de classes spéciales, pour tenter de répondre aux difficultés constatées chez les élèves..

Notes
63.

Circulaire du 15 février 1960, organisant une première formation de "rééducateurs en psychopédagogie" au Centre de formation de Beaumont-sur-Oise.

64.

La première expérience de psychologie scolaire a été réalisée à Grenoble, en 1945. Le poste était occupé par un instituteur, ancien élève de René ZAZZO. L'expérience a été relatée dans le numéro 16 de la revue: L'Education Nationale, en 1956.