5-1- La rééducation, structure de prévention et de "réadaptation". Les classes d'adaptation et les GAPP.

La circulaire du 9 février 1970 met en place, des classes d'adaptation, et des GAPP (Groupes d'aide psychopédagogique), au sein du système de l'Education Nationale 92 Cette circulaire créée officiellement la rééducation à l'école.

Ce texte déclare comme prioritaire, l'objectif de prévention des inadaptations. Il s'agit d'organiser, dans une politique d'ensemble, les moyens qui existent.

Le groupe d'aide psychopédagogique est constitué de un psychologue scolaire, et de un ou deux rééducateurs. Un GAPP devait être implanté, dans les projets, pour un secteur de 1000 élèves 93 . L'action de ces structures de prévention s'exerce prioritairement en direction d'élèves en difficulté relative ou sélective, c'est-à-dire ne s'exprimant que dans certains domaines des apprentissages. Ces difficultés ne peuvent, théoriquement, s'expliquer par un déficit ou un handicap avéré, "définitif et durable" (BO, 1970, p. 689), que celui-ci soit mental ou physique. Il s'agit bien de ces élèves en échec que nous avons qualifié "d'autres", par rapport aux enfants "arriérés", par exemple, désignés à présent par le qualificatif de "déficients intellectuels".

Deux missions incombent aux GAPP:

  • une observation continue (BO, 1970, p. 689) (id.) des enfants en vue de la prévention des difficultés et des inadaptations.
  • des rééducations psychopédagogiques ou psychomotrices "dès les premiers signes des troubles" (id).

Les rééducations se font individuellement ou en petits groupes, et, dans ce cas, l'enfant continue à fréquenter une classe ordinaire. C'est le rééducateur qui se déplace. Un secteur, qui peut comprendre plusieurs groupes scolaires, lui est attribué 94 .

Une remarque s'impose aussitôt. Ce texte marque le début d'une transformation profonde des pratiques institutionnelles: au lieu d'exclure le déviant, le "non-conforme", celui qui ne s'adapte pas aux attentes de la classe "ordinaire", on va l'y maintenir, tout en tentant parallèlement et ponctuellement, de l'aider à résoudre ses difficultés, dans une aide spécifique et individualisée, provisoire et en marge de cette classe.

Le texte du 9 février 1970 prévoit encore la création de classes d'adaptation à petit effectif (douze ou quinze élèves maximum selon les cas). Ces classes sont destinées à "un placement temporaire" d'enfants dont la situation scolaire est jugée "plus grave" (BO, 1970, p. 690), que celles des enfants auxquels s'adresse une rééducation individualisée. Ces sections ou classes d'adaptation sont instaurées à l'école maternelle, lieu privilégié de la prévention, et à l'école primaire.

Ce texte reconnaît que les interventions pédagogiques classiques se révèlent impuissantes face à ce type de problème. L'appel à la compétence médicale est explicite , car la mise en place de ces classes nécessite la collaboration d'une équipe médicale compétente et en particulier la présence d'un Centre médico-psycho-pédagogique à proximité. Les enfants bénéficient souvent d'autres rééducations, soit à l'intérieur de l'école, soit dans des organismes de soin extérieurs.

Notes
92.

Circulaire n°. IV 70-83, Prévention des inadaptations. Groupes d'aide psychopédagogique. Sections et classes d'adaptation. Bulletin officiel de l'Education Nationale, n° 8 du 19-02-70, 689-696.

93.

En 1975, l'Inspecteur TORAILLE écrivait: "Pour doter la France entière de GAPP (enseignement préscolaire et élémentaire), il faudrait mettre en place présentement environ 7300 GAPP. Le deuxième rapport du VI ème plan a déclaré (mai 1973): "545 GAPP sont en place, soit presque un doublement en un an." Mais le nombre de GAPP régulièrement constitués à la même époque n'atteignait pas 200. De plus, ces GAPP étaient très souvent incomplets." (cité par BOBET René, DEPARDIEU Jean-Claude et VITARD Patrice. (1994). Passé, présent, avenir...de la rééducation à l'école. In ERRE n° 12, mars 1994, 42-47.

94.

Nous avons exercé, pendant une première période de dix années, au sein d'un GAPP qui bénéficiait d'un personnel complet. Le secteur d'intervention des deux rééducateurs était constitué de quatre groupes scolaires, chacun comprenant une école maternelle et une école primaire, ce qui correspondait à une population de 1300 élèves.