La rééducation dans l'école: une pratique, une place, des positions et une identité à définir.

Nous avons à nous interroger à présent sur la manière dont va être conçue la pratique rééducative à l'intérieur de l'école, nous centrant sur la démarche d'aide individualisée à l'élève en difficulté. Parallèlement, nous pourrons suivre désormais le rééducateur dans l'élaboration conjointe de cette pratique et de son identité professionnelle.

On peut considérer que l'école a fait intervenir d'ores et déjà, en 1970, une "instance tierce" entre le maître et l'élève en difficulté, entre le maître et les parents de cet enfant, en créant les GAPP. A cette instance de définir sa place, sa position et ses pratiques. Cette "instance tierce", comme toute instance médiatrice, sera-t-elle appelée à analyser les échecs, à réguler les tensions, les conflits, à faire jouer sur un mode métaphorique ce qui est bloqué, ce qui ne peut plus être dit, représenté, élaboré? Si oui, comment va-t-elle pouvoir tenir ce rôle et cette fonction?

La terminologie utilisée dans ce texte fondateur de 1970, semble orienter cette aide rééducatrice qui s'instaure, vers une conception réparatrice, comblante, médicalisante de l'aide, envers une difficulté conçue comme défaut, manque, dysfonctionnement, "détérioration". Que va-t-il se passer au niveau de la pratique? Quelle sera la distance entre "le prescrit" du texte, et l'interprétation qu'en feront les instances hiérarchiques qui l'interpréteront et le répercuteront, puis les praticiens qui le mettront en oeuvre? A quel "modèle" de rééducation va-t-on aboutir?

Nous devrons à présent nous interroger sur la manière dont ces rééducateurs concevront leur pratique, à ce moment-là, et, parallèlement, comment ils construiront leur identité professionnelle.

"L'identité narrative, soit d'une personne, soit d'une communauté, serait le lieu recherché dans ce chiasme entre histoire et fiction... (p.138)...en maints récits, c'est à l'échelle d'une vie entière que le soi recherche son identité...il n'est pas de récit éthiquement neutre" (p. 139).
Paul RICOEUR (1990).