1-2-2- Sur quelles bases construire une pratique en 1970?

Autour des années 1960-1970, l'échec scolaire de l'élève est expliqué majoritairement:

  • par un manque de capacités intellectuelles, dans une optique de "don";
  • par un défaut dans le développement ou l'acquisition des apprentissages. La dyslexie en représente un des défauts majeurs.

Un manque appelle logiquement une réponse compensatrice et de comblement, qui pourrait appartenir prioritairement au registre pédagogique. Un défaut appelle une réponse remédiatrice, réparatrice, rectificatrice, qui semble relever plutôt d'un registre médical. Tous deux se situent dans un registre instrumental ou fonctionnel, qui exige la répétition des exercices. Quelle va être la référence de la rééducation qui est ainsi instituée? La répétition, dans son aspect quantitatif, sera-t-elle sa méthode privilégiée?

Les termes de "maturation", de "retard", encore très présents dans le texte de 1970 108 , laissent penser que l'on ne s'est pas encore dégagé d'une conception linéaire et continue du développement de l'enfant. Cette conception, tenace, n'entraîne-t-elle pas à son tour à concevoir tout "défaut", tout "ratage", comme un "retard" dans la vitesse du développement? Il semble que l'école ne se soit pas dégagée de ce système de pensée. Faudra-t-il dès lors réparer, rattraper, comme le cycliste rattrape le peloton après la réparation de défaillances mécaniques?

Les moyens thérapeutiques dont on dispose, en 1970, en réponse aux enfants en difficulté à l'école, sont de deux ordres:

  • des moyens en priorité orthopédiques, apparentés à une conception médicale de la difficulté et de la réponse apportée, comme les rééducations prodiguées par les établissements relevant du ministère de la Santé, ou les cabinets para-médicaux privés,
  • des moyens psychothérapeutiques qui seront obligatoirement dispensés hors institution scolaire.

Existe-t-il "une troisième voie", et laquelle? Pourra-t-on l'inventer et la tenir?

Notes
108.

"...enfants présentant des retards de maturation....pour que ce handicap ne se traduise pas par un retard et une inadaptation scolaire caractérisée..." Circulaire n° IV 70-83 du 9 février 1970.