2- Des "premiers pas" à "une adolescence contestataire". Une identité reçue, théorique, confrontée à la réalité de l'école, et à la réalité de la rencontre avec l'enfant.

La question se pose donc de ce qui a été compris de ce premier texte, à partir des années 1970. On se demandera comment, à partir des critiques émises, à partir des réflexions des praticiens et des théoriciens, la rééducation a pu trouver de nouveaux fondements et de nouvelles théorisations, qui seront entérinés par le texte de la circulaire de 1990 109 , pour une pratique repensée en profondeur. Nous nous proposons de suivre l'évolution de la pratique rééducative, et de tenter de comprendre ce qui, l'ayant menée rapidement de ses premiers pas à une "adolescence contestataire", pour reprendre notre métaphore annoncée, a été facteur de changement, par rapport à une identité reçue des "géniteurs".

Le rééducateur est dans l'école. C'est ce qui fonde son originalité par rapport à d'autres aides. Un système, quel qu'il soit, fonctionne en interférence avec le contexte. Il n'est pas de praticien sans pratique, cela paraît un truisme de le dire. Comme il n'y a pas de médecin sans malade, d'enseignant sans élève (s), il n'y a pas de rééducateur sans "enfant rééduquant" 110 . Construire son identité, pour un professionnel, suppose que ce qui est lui est donné a priori par les textes officiels, par les conceptions diverses qui constituent le contexte idéel de l'époque, et dont il a hérité, dont il a été, consciemment ou inconsciemment, lui-même, imprégné, modelé, est confronté à la pratique, et remodelé, reconstruit, en fonction de celle-ci. C'est l'enfant, au sein même de la rencontre, par ses paroles si révélatrices, si justes sur lui-même parfois, par ses remarques souvent pertinentes concernant ce qu'il convient de faire pour l'aider, qui nous apprend notre métier.

Notes
109.

Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990. Mise en place et organisation des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté. Bulletin Officiel de l'Education Nationale, 19 avril 1990, n° 16, 1040-1045.

110.

L'origine de cette expression vient de Yves de LA MONNERAYE (1991), qui la propose dans La parole rééducatrice. La relation d'aide à l'enfant en difficulté scolaire. Elle a le mérite de souligner la dimension dynamique du processus rééducatif de l'enfant.