2-1-1- Une place et une fonction d'interface, lieu de rencontre d'oppositions duelles.

A la reconnaissance de la déviance de certains enfants, correspond la constitution d'un corps d'enseignants spécialisés situés dans une certaine "marge", dans un certain écart de la conduite habituelle d'une classe. Le terme d'interface, utilisé ici pour désigner la place et la fonction de la rééducation, nous semble rendre compte, en tant que désignant une zone limite commune à deux systèmes, de la possibilité de mouvements et d'échanges rendus possibles entre ces systèmes. La rééducation, créée pour que des élèves en menace d'extériorité, puissent réintégrer le centre du système, paraît bien correspondre à cette fonction d'interface, pour les enfants eux-mêmes. Cependant, sa place institutionnellement définie dans la marge intérieure du système, qui met la rééducation en contact direct entre intériorité et extériorité de ce système, comme un "tissu conjonctif", va lui faire adresser toutes les tensions qui s'accumulent toujours dans "les bordures" , dans les franges, dans les limites. Certaines tensions actuelles au sein de l'école, ou entre l'école et l'extérieur, s'éclairent ou sont les survivances de ce qui a précédé. Dès son "acte de naissance" officiel, la rééducation a dû assumer un certain nombre d'oppositions. Certaines ne la concernaient pas directement mais faisaient partie de "l'héritage", comme ces vieux secrets de famille que l'on se transmet de génération en génération. Elle s'y trouvait "prise" de par son existence même, de par sa fonction ou sa position, ou encore, par la manière dont on concevait ses présupposés, et son fonctionnement. D'autres étaient plus directement en lien avec son fonctionnement propre. Elle a dû assumer et élaborer les tensions qui y étaient attachées.