4-1- La prévention est l'affaire de tous. "Les aides spécialisées ne se substituent pas à l'action des maîtres" 181 (p. 1042, point 1-2). Des places et des fonctions différentes: maître, rééducateur, parents.

La mise en place des réseaux d'aides spécialisées s'inscrit dans une volonté générale de mise en place d'actions de prévention, et de lutte contre l'exclusion scolaire."L'école, qui accueille tous les enfants, doit permettre à chacun d'eux de tirer le meilleur profit de sa scolarité. Adapter l'action pédagogique et le fonctionnement de l'institution scolaire aux caractéristiques des élèves, notamment de ceux qui éprouvent des difficultés particulières dans l'acquisition et la maîtrise des apprentissages fondamentaux, s'impose comme une nécessité et un devoir."(p. 1040) 182 .

Il est rappelé que les actions de prévention des difficultés de l'élève, comme les actions d'aide à l'élève en difficulté, concernent, en premier lieu, le maître de la classe.

L'organisation des réseaux d'aides se fait dans le contexte de la mise en place de la pédagogie différenciée et des cycles à l'école primaire et maternelle. Le maître est le premier acteur de la prévention, le texte le rappelle: ‘ "... la première aide à apporter aux élèves relève de leurs propres maîtres, dans le cadre d'une pédagogie différenciée...L'aide spécialisée n'est requise que lorsqu'une réponse pédagogique suffisamment efficiente n'a pu être apportée ou que le recours à l'aide spécialisée s'impose, d'emblée, comme une évidence..."(id., p. 1042, point 1-2).

Insister sur l'urgence dans laquelle le maître se trouve de devoir dépasser une pédagogie "unique", c'est inviter celui-ci à reconnaître les différences entre les enfants, c'est l'inciter à les accepter, et c'est lui enjoindre d'ajuster son enseignement en fonction de ces différences. Réaffirmer la seule légitimité du maître dans la fonction d'enseignement, c'est aussi affirmer la nécessité de reconnaître à chacun des partenaires éducatifs, dans l'école, sa place et sa fonction spécifique, et c'est enjoindre à tous d'éviter la confusion des rôles. Seule une place reconnue pour chacun des partenaires, peut permettre que se mette en place une véritable collaboration, et que se constitue une équipe, au delà de la collection des personnes.

Nous avons pu montrer que des "nécessités", un besoin, avait présidé à la création de la rééducation à l'école. La question: "Y a-t-il, dans l'école, une place spécifique pour une action qui pourrait être qualifiée de "rééducative", et laquelle?, nous demande, de plus, de préciser la place de chacun de ces partenaires éducatifs, vis à vis de l'enfant, et de définir la place spécifique que doit assumer la rééducation dans l'école.

Lorsque l'on est en place d'instance de recours, comme l'est structurellement le rééducateur, comme peut l'être à partir de 1990 cet autre maître spécialisé qui est chargé de "l'aide spécialisée à dominante pédagogique", on peut être assigné fantasmatiquement par l'autre qui est en difficulté, à l'obligation de miracle, avec toute l'ambivalence que ceci comporte de la part du demandeur d'aide, et l'illusion de toute puissance de la part de l'aidant. La question, soulevée dès l'institution des "instances d'aide" dans l'école, et que nous avons déjà rencontrée, reste présente. Une des voies possibles pour sortir de cette impasse imaginaire n'est-elle pas de reconnaître à chacun sa responsabilité et sa compétence, dans le respect de sa place et de sa fonction? Resituer la pédagogie et l'aide spécialisée, dans un paradigme d'acceptation des places et des limites de chacun, mais aussi de ses compétences, n'est-ce pas affirmer la nécessaire introduction de relations symbolisées au niveau des partenaires éducatifs? N'est-ce pas soutenir la "conscientisation" de l'altérité et de la différence, dans des relations qui ont tendance à "s'imaginariser" dans l'impasse de la difficulté, de l'échec? Le texte d'avril 1990 concernant la mise en place des réseaux d'aides a été et reste une référence importante pour aider à "recadrer" les différentes interventions auprès de l'enfant.

Les parents se trouvent eux aussi resitués dans leurs indispensables et irremplaçables rôles et fonctions de parents auprès de l'enfant, puisque l'aide rééducative ‘ "est entreprise avec l'accord des parents et si possible leur concours."(ibid., p. 1042, point 2-2).

Face à l'énigme posée par les difficultés de l'enfant, tous les partenaires éducatifs doivent nécessairement joindre leurs efforts pour analyser cette difficulté, tenter d'en comprendre quelque chose, et mettre en oeuvre "des activités appropriées" (ibid., p. 1041, point 1-1). La nécessité de concertation et de collaboration entre les intervenants spécialisés et enseignants des classes, est affirmée dans le texte, ainsi que celle avec tout autre partenaire du contexte éducatif (services extérieurs, parents,...). Reste à définir les modalités de cette collaboration.

Notes
181.

id.

182.

Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990.