4-3- Une conception radicalement différente de "l'aide rééducative"?

Des objectifs bien spécifiques.

Si nous énonçons ici ces objectifs, c'est pour pouvoir poser les questions qui s'imposent par rapport à ceux-ci. Nous devons avancer dès à présent ce dont il va être question, dans ses grandes lignes, quitte à en reporter l'analyse plus approfondie dans la suite du développement. Nos analyses ultérieures reprendront ces formulations, lorsque nous nous interrogerons en particulier sur la question de la meilleure indication à proposer à un enfant en difficulté à l'école 184 .

Que dit le texte? ‘ "Ces interventions ont pour objectif, d'une part de favoriser l'ajustement progressif des conduites émotionnelles, corporelles et intellectuelles, l'efficience dans les différents apprentissages et activités proposés par l'école et d'autre part de restaurer chez l'enfant le désir d'apprendre et l'estime de soi.

Ces interventions doivent permettre un engagement actif et personnel de l'enfant dans les différentes situations, la construction ou la reconstitution de ses compétences d'élève."(p. 1042, point 2-2).

S'il s'agit toujours d'aider un enfant à devenir ou à redevenir un élève, les stratégies et les méthodes que supposent l'atteinte de ces objectifs, peuvent apparaître d'emblée comme nécessairement très différentes de celles qui s'étaient dégagées, dans un premier temps, après la circulaire de 1970. On pourra penser, en particulier, alors que ce n'est pas explicite, que l'aide rééducative est indiquée lorsque l'aide pédagogique "différenciée" par le maître de la classe se sera avérée inopérante, et lorsque l'aide pédagogique du maître spécialisé ne s'avère pas appropriée.

Les rééducateurs se demanderont si les objectifs qui leur sont assignés sont compatibles avec une démarche qui tiendrait compte de la globalité de la personne de l'enfant, celle de son fonctionnement psychique, et le sens de ses difficultés.

A la lecture de ce texte, on s'aperçoit que l'élève n'est plus considéré comme un objet qui dysfonctionne, qu'un "spécialiste" "du langage" ou "du corps" va réparer, comme une horloge qui ne fonctionne plus. On pense que "ses conduites émotionnelles, corporelles et intellectuelles", que son "désir d'apprendre" et son "estime de soi " 185 , interviennent, dans sa difficulté à s'engager dans les apprentissages. Des effets thérapeutiques sont attendus de l'aide rééducative, puisqu'on en attend un effet de changement et de mieux être, de mieux vivre, de mieux apprendre. Cet objectif n'est pas sans soulever de nombreuses questions, liées notamment au cadre institutionnel de l'école. Nous devrons y revenir.

Cette circulaire, dans son ensemble, est apparue aux rééducateurs, comme un véritable cadre de référence pour leur réflexion, et leur pratique. Ce texte a été, pour ceux-ci, porteur de l'espoir de pouvoir enfin articuler les connaissances apportées par la psychologie et la psychanalyse, et une pratique "véritablement" psychopédagogique....Georges MAUCO aurait-il été rassuré?...

Comment va-t-on pouvoir concevoir cette pratique? A partir de quelles directions données par le texte officiel?

Notes
184.

Ce sera l'objet de la deuxième partie de cette recherche, centrée autour de la question de l'indication d'aide, et du sujet de la rééducation.

185.

Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990. p. 1042 point 2-2.