Vous avez dit...le maître "G"...? Une formule "deux en un"...

Comme dans tout changement, et même s'ils n'étaient pas satisfaits de la situation antérieure, les rééducateurs se sont d'abord inquiétés de voir réduire les deux "options RPP et RPM" en une seule. Seront-ils réputés "capables" d'exercer les deux fonctions précédentes avec l'enfant, comme notre allusion à la publicité des produits "deux en un" le laisse supposer, ou bien s'agit-il de tout à fait autre chose, d'un recadrage complet, d'une nouvelle conception de la rééducation? Une inquiétude immédiate se situait sur un plan quantitatif. Un seul rééducateur serait-il censé "faire le travail" des deux précédents? En profiterait-on pour ne pas remplacer du personnel partant à la retraite, et pour "redéployer", pratique "dans l'air du temps", le personnel existant, pour dissimuler des carences? 188

Leur nom cette fois, était la plupart du temps "raccourci" au point de devenir une énigme: "intervenant, option G" (?). L'amalgame entre la fonction et l'option "G" de l'examen, n'était même plus porteur de sens, en le réduisant à une lettre: "les G"... Il devenait difficile, pour les partenaires, de se repérer!...Le nouveau changement de nom apportait son lot d'interrogations, d'inquiétudes. Nous avons abordé cette question de la nomination et certains des problèmes qu'elle soulève, au début de ce chapitre. Nous assistons en 1990, à la dernière des étapes, à ce jour. Une "option G" se retrouve ainsi, dans la rubrique des différentes options d'enseignants spécialisés (A, B, C...), correspondant aux différents handicaps des enfants, jusqu'à eux, "les G", ...qui ferment la liste. N'y a-t-il pas un risque de dilution de l'identité, à la fois dans le "rabotage" des spécificités RPP et RPM et dans la perte radicale d'un nom signifiant? Cette fois, la perte des repères risque de concerner les rééducateurs eux-mêmes.

Lorsqu'ils apprennent qu'en tant que "G" ils sont réputés "intervenants spécialisés" ou encore (les deux appellations sont répétées dans le texte) "enseignants spécialisés chargés de rééducation" ou encore "enseignants chargés d'aide à dominante rééducative", ils peuvent constater qu'une nouvelle fois, leur nom subit des fluctuations, mais que, bien qu'atténué, le terme de "rééducation" est encore présent. Ils continueront à se nommer, et à se présenter à leurs partenaires, comme des rééducateurs 189 .

En contrepartie, la formule "deux en un", qui avait suscité des inquiétudes, dans un premier temps, s'est révélée mieux répondre à l'identité que tentaient de se forger les rééducateurs, en se dégageant de la première interprétation de la circulaire de 1970. Nous avons vu que les deux "options", non seulement n'étaient appropriées ni à la globalité du fonctionnement psychique, ni aux difficultés des enfants rencontrés, mais qu'elles étaient devenues un obstacle à l'élaboration de leur identité professionnelle. La rééducation était devenue beaucoup plus globale, et se définissait peu à peu, à la suite du livre de Yves de LA MONNERAYE (1991), comme "relationnelle". Cette transformation permet actuellement, en fin de compte, de clarifier les positions professionnelles des différents intervenants éducatifs.

Quant à la lettre "E", elle désignera, par le même "raccourci", ce nouvel "intervenant chargé d'aides spécialisées à dominante pédagogique". Quelle place et quelle fonction va avoir ce "maître E"? Quelle contribution, la présence de ce nouvel intervenant, par la définition même de ses fonctions, va-t-elle apporter à la définition de l'identité et de la fonction du rééducateur?

Notes
188.

Les deux craintes se sont révélées justifiées. A titre d'exemple, le département de la Drôme comptait

en 1983-1984: 42 rééducateurs en GAPP et 13 rééducateurs en CMPP.

en 1991-1992: 34 rééducateurs en RASED et 13 rééducateurs en CMPP.

en 1992-1993: 30 rééducateurs en RASED et 11 rééducateurs en CMPP.

en 1996-1997: 33 rééducateurs en RASED et 9 rééducateurs en CMPP.

Les besoins en rééducation auraient-ils diminués?.

189.

C'est la raison pour laquelle nous n'utilisons pas habituellement les guillemets, dans ce texte, pour les désigner.