Conclusion.

A partir de la question: "Comment les rééducateurs ont-ils construit historiquement leur identité ?" , nous avons vu comment, à partir des textes officiels qui l'instituaient dans l'école et qui lui assignaient des objectifs, il a dû construire (à partir de 1970), et reconstruire (à partir de 1990), de toutes pièces, sa fonction précise, ses méthodes, son identité, et tenter de définir sa place. Nous pouvons "en conclure" que, à partir de tensions, de conflits, de doutes et de questions, cette construction s'est souvent faite par des processus qui pourraient s'apparenter au "tâtonnement expérimental " tel que Célestin FREINET décrivait la méthode d'apprentissage de l'enfant. Nous avons insisté sur le fait que cette construction n'est pas "achevée" aujourd'hui. Qu'avons-nous appris qui étaye cette affirmation?

Nous sommes à présent à même de comprendre les problèmes qui se posent, non seulement aux rééducateurs, mais aussi à l'école. La recherche de leur identité par les rééducateurs, question qui nous a conduite à aller chercher les origines même de la profession, puis son évolution, apparaît comme une des dimensions d'une question plus large, qui est celle de la possibilité même d'une aide "intermédiaire", ni pédagogique, ni thérapeutique, au sein de l'école.

Poussée de toutes parts par un problème qui la dépassait, l'école a dû inventer de nouvelles solutions pour lutter contre l'échec scolaire. La rééducation en fait partie. Instituée sporadiquement à partir des années 1960, officialisée en 1970, transformée en 1990, qu'est-ce que la rééducation à l'école? Quelle est l'identité du rééducateur, cet enseignant "qui n'enseigne pas"? Nous avons constaté que, hormis une existence légale donnée par les textes, et la formulation d'objectifs tels que: "adapter, intégrer, prévenir", tout était à construire, à inventer, aussi bien en 1970 qu'en 1990: les stratégies et les méthodes rééducatives.

Nous avons relaté les nombreuses tensions que les rééducateurs ont dû assumer, gérer. Ces tensions provenaient, soit de l'extérieur, soit de l'intérieur du lieu rééducatif. Une de ces tensions, toujours actuelle, et non des moindres, est celle de la recherche de la définition de son identité par le rééducateur, élaboration complexifiée par les fluctuations des textes officiels, et par son intrication avec une pratique qui se cherche.

La profonde transformation de la structure GAPP, en 1990, rendait obligatoire la remise sur le chantier des élaborations antérieures.