De l'identité du rééducateur...

QUI est le rééducateur? Cette question, nous ne l'avions pas posée, nous intéressant aux processus en jeu dans une élaboration identitaire. Mais le rééducateur se la pose, et on la lui pose. Nous nous apercevons que, si nous avons pu relater ses doutes, ses craintes, ses conflits, ses interrogations, ses tentatives pour construire son identité et sa pratique, nous ne savons toujours pas QUI il est.

Nous n'encourons donc pas pour l'instant les critiques de Yves de LA MONNERAYE (1994), lorsqu'il avance 219 : ‘ " ...il serait évidemment tout à fait catastrophique que l'on arrive à construire un modèle de rééducation aussi parfait que possible, une identité du rééducateur aussi transparente que l'on peut souhaiter parce que l'on oublierait alors que chaque rééducateur aussi est un sujet." ’ L'identité du rééducateur n'est pas "trop transparente". D'autres nous le reprocheront.

"Ni pédagogue, ni thérapeute...", c'est ainsi que le rééducateur s'est défini pendant longtemps. Un "ancien enseignant qui n'enseigne pas", avons-nous dit. On lui a reproché, à juste titre, de se définir par la négative. Un "aidant", terme flou, est un terme qui ressort de champs divers, qu'il s'agit bien de préciser. Alors, qui est le rééducateur? Possédons-nous "LA" réponse? Non, sans doute, mais peut-être pouvons-nous contribuer à apporter des éléments complémentaires en vue de cette définition. N'est-ce pas à partir de sa pratique que pourra se dégager son identité professionnelle? N'est-ce pas en continuant de clarifier à la fois sa pratique et sa place dans l'école, au présent, avant de le conjuguer au futur, dans un projet professionnel, que le rééducateur parviendra enfin à se définir lui-même?

Quelle est cette pratique aujourd'hui? Nous nous proposons d'en rendre compte, étape indispensable pour pouvoir juger de "ses effets".

Afin de pouvoir rendre compte "des effets" sur l'enfant, des propositions rééducatives actuelles, élaborées historiquement par l'ensemble, "trouvées- crées" par les rééducateurs d'aujourd'hui, il est nécessaire de connaître plus précisément, à quels enfants la rééducation s'adresse, et d'analyser à quels besoins de l'enfant, cette rééducation prétend répondre. Nous avons annoncé attendre de la confirmation de ces besoins actuels, des arguments décisifs quant à la place et à la fonction de la rééducation dans l'école. La connaissance de ces besoins devrait constituer en même temps pour nous le matériau qui nous permettra ensuite, en construisant une représentation explicative de cette rééducation, telle qu'elle est mise en oeuvre par le plus grand nombre de praticiens aujourd'hui, de vérifier la cohérence et la pertinence des propositions faites à l'enfant, et de rendre intelligible le processus rééducatif de cet enfant.

Nous avons besoin de connaître cet enfant et ce qui constitue ses difficultés, afin de pouvoir envisager pour quelles raisons une rééducation peut lui être proposée, et de quelle nature devra être cette aide. La question qui s'impose à présent à nous est donc: "Y a-t-il, dans l'école, des enfants relevant spécifiquement d'une rééducation? Elle a comme corollaire: A quels besoins de l'enfant celle-ci devrait-elle pouvoir répondre?"

Notes
219.

Nous reprenons ici une crainte de cet auteur, déjà rapportée dans notre chapitre I: Méthodologie de cette recherche".