Existerait-il des rééducateurs, sans "enfants-rééduquants"? Nous nous sommes interrogée, dans une première phase de cette recherche, sur ce qui a conduit l'institution scolaire à créer ce corps professionnel de rééducateurs, en son sein, en formulant: "Pourquoi ce fait de la rééducation?" Une première réponse était donc ainsi apportée à la question: "Y a-t-il, dans l'école, une place spécifique pour une action qui pourrait être qualifiée de "rééducative", et laquelle? Nous avons pu établir que cette création avait répondu à un besoin réel et urgent, dans un mouvement général qui tentait d'enrayer un processus d'exclusion systématique des enfants en difficulté à l'école. La réponse apportée nous invitait à nous interroger sur la persistance de ce besoin, et sur la manière dont il se pose aujourd'hui. L'institution scolaire a connu une évolution, les textes qui la régissent l'ont réorganisée, même si la réalité du terrain est toujours "décalée" par rapport à ces textes. Nous avons rapporté comment les rééducateurs s'étaient trouvés confrontés à la question de la définition de leur tâche, dans une obligation de précision par rapport à la définition donnée par les textes officiels. Nous avons avancé qu'ils ne peuvent répondre, aujourd'hui, qu'en définissant le profil des enfants auxquels leur intervention s'adresse, et les limites de leur champ. Quel est donc le "besoin de rééducation" aujourd'hui, et quels sont les enfants dont les besoins justifient une rééducation? Ce n'est plus sur le plan institutionnel que nous souhaitons nous placer à présent, mais par rapport à l'enfant, dans la singularité de son parcours et de sa difficulté. Quel est donc cet enfant auquel va être proposée une rééducation? Autrement dit: Existe-t-il, dans l'école, un public relevant spécifiquement d'une rééducation?
Le texte officiel de 1990 222 donne mission aux rééducateurs d'adresser leur intervention en direction d'enfants en difficulté à l'école. Cependant, il apparaît aussitôt qu'affirmer cela, ne précise en aucune manière, ni ce que l'on entend par "difficulté", ni de quel type de difficultés il s'agit, qui justifie une rééducation plutôt qu'une autre forme d'aide. Il nous faut démêler ce qu'il en est de "ces difficultés". Il apparaît très vite, que ce terme recouvre un champ suffisamment vaste pour qu'il ne soit pas possible d'y répondre en quelques mots. Nous avons vu que ce texte, tout en indiquant de grandes directions à l'action rééducative, était peu explicite. Nous savons que la rééducation a pour objectifs, parmi les autres actions d'aide à l'enfant dans l'école, de lutter contre la marginalisation de l'enfant, et d'oeuvrer pour sa réussite à l'école. En tant que "prévention secondaire", elle doit mettre en oeuvre une aide qui évite l'aggravation des difficultés de cet enfant: ‘ "...L'attention aux comportements et aux conduites des enfants à l'école, le repérage et l'analyse de leurs éventuelles difficultés permettent de concevoir et d'organiser des interventions nécessaires. Ces interventions prennent effet avant que des difficultés, quelquefois mineures, ne s'accentuent et ne deviennent durables..." ’ (point 1-1, p. 1041).Quels sont les moyens dont dispose, dans l'école d'aujourd'hui, l'élève qui ne réussit pas, pour échapper à la marginalité et à l'exclusion?
Des réponses diversifiées existent. La rééducation en est une. Comment se situe-t-elle parmi les autres actions d'aide qui peuvent être proposées à l'enfant, en réponse à sa difficulté à l'école? Quelle place doit-elle assumer ? Quelles sont les limites, les frontières , entre ces différentes interventions d'aide auprès de l'enfant? Comment déterminer l'aide la plus appropriée pour un enfant donné, avec ses difficultés spécifiques actuelles, et comment poser l'hypothèse que, parmi ces aides possibles, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'école, la rééducation apparaît alors comme la plus pertinente? A quels besoins de l'enfant cette aide rééducative devrait-elle pouvoir répondre?
La question posée est celle de l'échec ou des difficultés scolaires de l'élève, ou encore d'un comportement de sa part, qui compromet son efficience scolaire ou ses possibilités d'intégration dans la collectivité. La restructuration des formes d'aides à l'école, par l'institution des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, exige de les différencier, afin de les adapter "à chaque cas" auquel elles s'adressent. Se forgeant par la comparaison, par la mise en évidence des points communs et des différences, cette explicitation préalable des différents cadres de l'aide, va permettre aux uns et aux autres, en retour, d'affiner et d'affirmer les positionnements, les identités. Etape capitale du travail. Il est nécessaire également de les différencier des aides extérieures à l'école, auxquelles le réseau peut conseiller aux parents de s'adresser, lorsque cela s'avère nécessaire. Par ailleurs, la complexité de l'analyse de la situation globale d'un enfant, qui permet de poser une indication d'aide, nécessite un travail de collaboration, d'échanges, de mise en regard des différents points de vue. Il apparaît donc indispensable de tenter de définir, d'une part, les difficultés spécifiques des enfants pour lesquels une forme d'aide serait plus appropriée qu'une autre, et d'autre part, ce que chacune de ces aides propose de mettre en oeuvre auprès de l'enfant. Les rééducateurs, au sein des réseaux d'aides spécialisées, ont besoin de repères, pour pouvoir proposer une aide rééducative à un enfant. Il s'agit de mettre en place, en partenariat, et face aux obstacles rencontrés et reconnus, les meilleures stratégies possibles pour que l'échec de l'enfant, quel que soit le moment de son cursus scolaire, ne soit pas rédhibitoire. Instituer une démarche de recueil et d'analyse des données concernant la situation de l'enfant, en collaboration avec les différents partenaires éducatifs, préalablement et dans l'objectif de rechercher l'indication d'une aide éventuelle à proposer à celui-ci, paraît apporter certaines garanties:
Cette démarche fondamentale de recueil et d'analyse de données, apparaît comme un des moyens les plus appropriés et efficaces:
dans le respect des compétences, des spécificités, des fonctions et des places de chacun, dans une relation symbolisée, caractérisée par des liens professionnels noués sur fond de séparation, de différence.
Ainsi, définir le public spécifique auquel s'adresse la rééducation, devrait permettre d'apporter des arguments décisifs quant à la pertinence de l'aide rééducative, dans l'école, et quant à la place qu'elle doit y assumer, questions fondamentales de la problématique de cette recherche. Nous sommes conduits à poser une série de questions, face à la réalité scolaire actuelle.
Dans le chapitre V, nous tenterons de répondre à la question:
En quels termes se pose la question de l'échec scolaire, aujourd'hui? On constate que ce terme "d'échec" a pratiquement disparu pour laisser la place à celui de "difficulté scolaire". De quel sens est porteur ce changement? Comment les partenaires éducatifs vont-ils appréhender la difficulté de l'enfant à l'école? Seule une approche progressive de ce qui constitue "la", ou plutôt "les" difficultés scolaires d'un enfant, peuvent nous permettre de nous y repérer. Mieux connaître ces difficultés, mieux les situer dans le contexte de l'école, nous permettra de clarifier ensuite les différentes propositions d'aide à l'enfant.
Dans le chapitre VI, nous interrogerons:
Un travail de clarification avec les différents interlocuteurs, de différenciation de ce qui appartient à l'adulte lui-même en difficulté (le malaise, le mal-être de l'enseignant mis en difficulté dans sa fonction pédagogique par les difficultés de cet enfant, par exemple), et de ce qui appartient à l'enfant lui-même, constitue le premier objectif des différentes rencontres. Si l'écoute est l'attitude première et indispensable, il apparaît nécessaire de tenter d'aller jusqu'à un ENTENDRE, qui est recherche de compréhensionde ce qui se passe pour l'autre qui est là: le maître qui apporte la demande, l'enfant qui en est l'objet, les parents qui s'inquiètent pour le devenir scolaire de leur enfant. Cet "entendre" est sous-tendu par deux questions: "Comment chacun d'eux vit-il cette difficulté?" "Que signifie-t-elle pour lui?" Si on peut espérer disposer d'éléments de réponse à la première question, se référer à une théorie qui admet le sujet et l'inconscient, doit sans doute faire admettre que la deuxième question restera en grande partie, pour l'aidant, sous la forme d'une énigme. Ceci ne dispense pas de la poser, et avec insistance. Les rencontres avec l'enseignant, les parents et l'enfant, préalables à toute pose d'indication, donc à toute aide, l'analyse de la demande dont elles font partie, les conditions dont elles s'instituent et sont conduites, constituent les fondations de l'aide qui s'en suivra, le cas échéant.
La tentation est toujours grande de rechercher "les causes" de la difficulté de l'enfant, de son échec, dans tous les cas. La "chasse aux causes" de l'échec se rattache à la croyance en une causalité toujours directe entre la cause et son expression: la difficulté visible, observable. Elle fait preuve d'une croyance persistante et infaillible entre un "savoir" sur les causes et un "savoir" sur les remèdes adéquats. La tentation des réponses instrumentales ou fonctionnelles à tout échec, à toute difficulté, est toujours présente. Ne faut-il pas accepter de changer radicalement de point de vue lorsqu'il s'avère que les réponses habituelles et "normales" de l'école, c'est-à-dire les réponses pédagogiques, se sont révélées inutiles, malgré leur répétition qui, dans certains cas, pourraient être suspectées "d'acharnement pédagogique" prodigué à quelqu'un qui pourrait être qualifié, lui, "d'anorexique" scolaire"... 224 ?
Ces premières paroles sur l'enfant ont une grande importance dans l'indication, dans le choix de l'aide que l'équipe du RASED proposera, ou dans le fait qu'il apparaîtra plus judicieux peut-être, d'emblée, de conseiller à l'enfant et sa famille un lieu de soin, extérieur à l'école.
Pouvoir écouter, entendre le tout donc, mais prendre suffisamment de distance pour:
Cette "mise à distance" permet également de pouvoir apprécier:
Cependant, la difficulté à l'école de certains enfants, ne semble pas pouvoir être résolue par un apport pédagogique supplémentaire, de la part de son maître, ni même différent, sous la forme d'une aide pédagogique spécialisée. Cette difficulté apparaît comme étant d'une autre nature, et le sens de cette difficulté se présente comme une énigme. L'enfant est "intelligent", on lui suppose, ou bien il fait preuve, dans certains domaines, de capacités réelles. Pourquoi ne réussit-il pas? Pourquoi ne s'investit-il pas dans les activités scolaires, ou pourquoi refuse-t-il, manifestement, ce qui lui est proposé? Quelle est la nature de ses difficultés? Quels sont ses besoins? Quelle aide lui serait nécessaire pour répondre à ses besoins, pour s'investir à l'école, pour y réussir? Une rééducation serait-elle pertinente? A quelles conditions? Serait-elle à même de l'aider à dépasser ses difficultés, ou bien faut-il envisager une aide thérapeutique, extérieure à l'école? Des "séances préliminaires" sont mises en place, avec l'accord de son maître et l'autorisation de ses parents, afin de mieux le connaître, afin de mieux comprendre sa difficulté. Temps de connaissance réciproque, temps d'évaluation du travail possible, temps de réflexion avant la décision, de part et d'autre, enfant et rééducateur.
Trois séries de questions vont guider le rééducateur, tout au long de ces séances:
Des réponses à ces questions dépendra l'indication d'une aide proposée à l'enfant et à sa famille: rééducation à l'école, ou une autre aide, et, en particulier, soin, à l'extérieur de l'école. Des connaissances, des "savoirs constitués", sont nécessaires au rééducateur pour "lire", analyser, interpréter, la réalité de la situation de cet enfant rencontré dans la singularité de son parcours et de ses difficultés. Il lui faut étayer ses observations et ses analyses de "l'après-coup" des rencontres avec l'enfant. La référence à une théorie s'avère indispensable. Un "savoir sur le parcours" de tout enfant , permet de situer où en est cet enfant, dans son cheminement singulier.
Confrontés, dans cette recherche, à la question de la présence, ou non, dans l'école, d'enfants relevant spécifiquement d'une rééducation, nous avons besoin de connaître ce qui est nécessaire à un enfant pour s'adapter au contexte scolaire, et pour apprendre. C'est l'objet du chapitre VII. Nous attendons de ces connaissances, une meilleure compréhension de ce qui en constitue à la fois les processus, les obstacles inévitables dans tout "grandir", dans toute inscription dans un nouveau contexte, dans tout "apprendre", et de ce qui peut se transformer en difficultés persistantes, pour certains enfants. Ces difficultés peuvent conduire un enseignant (ou un parent), démuni devant elles, à solliciter une aide pour un enfant. Choisir délibérément une approche par les processus "normaux", et non par la difficulté, devrait également nous éclairer, d'une manière plus pertinente, sur les besoins à satisfaire pour que ces élaborations puissent se faire. Ces éclairages devraient nous être utiles pour mieux comprendre la nature de l'aide à mettre en œuvre pour aider cet enfant à dépasser ses difficultés, en réponse à la question: A quels besoins de l'enfant cette aide devrait-elle pouvoir répondre? Des pédagogues seront interrogés, des psychologues, comme le seront des "écrits rééducatifs", ou ceux issus des Sciences de l'éducation. Notre référence théorique sera, principalement, la psychanalyse, en ce qui concerne la compréhension du fonctionnement de "la boîte noire".
Cependant, les difficultés ou l'échec, le sont toujours par rapport à des normes. On ne peut parler d'échec ou de difficultés scolaires, sans s'interroger sur ce qui était attendu de l'élève. On est toujours en échec par rapport à des performances attendues, par rapport à une norme.
ne pas faire fonctionner sa pensée est une souffrance pour l'enfant. (hypothèse de travail 3).
Cette hypothèse s'accompagne d'une question: Est-ce, pour autant, et systématiquement, une pathologie?
La question du désir d'apprendre dirige notre attention sur le parcours que doit effectuer tout enfant pour se détacher de son appartenance familiale exclusive, pour s'inscrire dans le contexte de l'école, pour assumer un rôle social d'écolier et d'élève.
Nous constaterons que la construction de ces préalables renvoie à trois axes de l'organisation psychique de l'enfant, qui sont intriqués dans la construction d'une capacité telle qu'elle est attendue de cet enfant, par l'école. Pour la clarté de l'exposé, nous avons choisi de présenter les informations obtenues, en les regroupant, d'une manière globale qui n'exclut pas les recoupements. Nous organiserons donc notre développement selon trois grandes directions, dégagées des analyses qui auront précédé:
Nous devrions disposer des éléments nécessaires pour pouvoir vérifier notre quatrième hypothèse de travail:
Il y a un rapport entre la construction de l'enfant, et celle de l'élève.
Nous proposerons des tableaux récapitulatifs dans lesquels nous tenterons d'ordonner la complexité des processus. Nous y ferons ressortir en particulier, la correspondance entre une capacité spécifique requise de l'enfant par la classe, et les préalables multiples qui ont participé à l'élaboration de cette capacité.
Nous devrions être alors en mesure d'apporter des éléments de réponse à laquestion:
Certains enfants, dont la difficulté peut être considérée comme "normale", ne sont pas disponibles pour les apprentissages. Pour les aider à rendre leur pensée "disponible", l'école doit pouvoir leur proposer un lieu "entre-deux", entre pédagogie et soin. (hypothèse de travail 5).
Si la difficulté de l'enfant est "normale", il semble important de ne pas entrer dans une logique de soins, en ce qui le concerne. L'école doit pouvoir offrir à l'enfant une aide spécifique, "rééducative", qui devrait, pour répondre aux besoins de cet enfant, et pour l'aider à construire ou à récupérer la disponibilité des capacités et des préalables en amont des apprentissages, inscrire son intervention dans un "entre-deux" entre pédagogie et soin.
Nous devrions ainsi disposer d'éléments de réponse significatifs à la question: "Y a-t-il, dans l'école, une place spécifique pour une action qui pourrait être qualifiée de "rééducative", et laquelle? La réponse à cette question est dépendante de la présence d'enfants qui relèveraient spécifiquement d'une telle intervention.
Nous tenterons, dans la conclusion de cette deuxième partie, de dégager des éléments pertinents, qui pourraient constituer des repères quant à la pathologie ou à la "difficulté normale" d'un enfant. Ces repères devraient permettre de différencier les enfants dont la difficulté semblerait requérir une thérapie, de ceux pour lesquels les difficultés pourraient être résolue, d'une manière plus appropriée, par une rééducation à l'école. Ils nous permettront ainsi de définir la difficulté de l'enfant, et de répondre, d'une manière plus précise, à la question: " Y a-t-il, dans l'école, des enfants relevant spécifiquement d'une rééducation?" Nous étayerons notre argumentation sur l'analyse d'un exemple clinique, éclairé grâce aux "savoirs constitués" des chapitres précédents. La proposition de rééducation à l'enfant et à sa famille, est ouverture au processus rééducatif. C'en est le premier acte posé.
Nous présenterons, sous la forme d'un tableau synthétique, et d'un schéma, inclus dans le texte, en fin de cette deuxième partie;
Nous proposerons enfin,un tableau synthétique. Celui-ci se donne comme objectif de récapituler les principaux résultats de nos analyses, qui pourraient étayer le choix d'une proposition d'aide: " Quelques repères pour proposer une aide à un enfant en difficulté à l'école". Ce tableau devrait pouvoir récapituler des éléments de réponse pertinents, quant à la nature de la difficulté de l'enfant, et donc, quant à la question de la présence, dans l'école, d'enfants dont la difficulté peut être considérée comme "normale", et relevant spécifiquement d'une rééducation. Il pourrait, de ce fait, donner des repères, à partir de la nature de la difficulté de l'enfant, quant aux frontières entre le besoin d'une intervention soignante, de type psychothérapeutique, à l'extérieur de l'école, et une aide rééducative, dans l'école.
Comment allons-nous nous y prendre? Quelles sont les sources de nos analyses, dans cette deuxième partie, quels sont nos outils?
Nous avons exposé, dans le premier chapitre, la méthodologie générale adoptée dans cette phase de notre recherche. Nous avons défini le corpus de textes, de cas, de données, sur lequel nous étayons nos analyses. Nous avons évoqué les divers moyens utilisés pour réguler la subjectivité d'un seul regard, pour tempérer l'implication d'une position clinique. Rappelons simplement ici que la démarche clinique adoptée restreint le champ du "réel" étudié. Nous posons comme hypothèse, que cette réduction peut être compensée par une longue expérience professionnelle, dans des lieux différents, dans des situations variées, dont nous avons rendu compte. Vingt trois années de pratique rééducative, et la rencontre d'un nombre considérable d'enfants, la confrontation de cette expérience professionnelle singulière avec d'autres expériences d'un grand nombre d'autres rééducateurs, sur le plan départemental et national, au sein de groupes de formation, d'échanges et d'analyse de la pratique, au sein de "groupes de supervision", qui sont autant de "lieux tiers" pour le praticien, et des lectures professionnelles (revues des rééducateurs, départementales et nationale), en constitue le pôle des "savoirs d'expérience", et des sources variées de "savoirs théoriques" ou "scientifiques". Nous avons cité à plusieurs reprises le groupe de rééducateurs de la Drôme 227 , qui continue de constituer pour nous une référence quant aux pratiques dans différents réseaux d'aides.
Afin de répondre de la présence, dans l'école, d'enfants relevant spécifiquement d'une rééducation,nous avons souligné avoir besoin de connaissances théoriques élaborées, concernant le parcours de tout enfant dans son chemin qui le conduit à devenir élève. Un processus itératif entre le réel étudié, celui de la rencontre singulière avec l'enfant au sein des séances préliminaires, et ces connaissances, permet de "lire", d'analyser, d'interpréter la réalité de la situation vécue par l'enfant, la nature de sa difficulté, celle de ses besoins et de ses ressources potentielles et manifestes. Ces "savoirs", empruntés aux pédagogues, aux Sciences de l'Education, à la psychologie, à la psychanalyse, aux écrits "rééducatifs", constituent les outils théoriques et conceptuels de ces analyses. Ces connaissances sont elles-mêmes sélectionnées, revisitées, synthétisées, réorganisées, afin de rendre compte du réel de la difficulté scolaire de certains enfants, et de rendre intelligible ce qui conduira certains d'entre eux à se voir proposer une rééducation. Nous tenterons d'articuler savoir clinique et savoir "scientifique". L'analyse des rencontres préliminaires avec Ismène en sera l'illustration la plus évidente.
"‘
Je trouve que c'est bête de jouer à des jeux qu'on ne sait pas. Moi, je ne joue jamais au ballon parce que j'ai les mollets trop petits, et les autres se moqueraient de moi. Mais je joue toujours aux billes, ou aux barres, ou à la marelle, parce que je gagne presque toujours
’."
Marcel PAGNOL (1976, p. 185)
Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990.
Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990.
Selon l'expression de Gérard WIEL (1992).
Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP). (1991). Les cycles à l'école primaire.
Nous reprenons ici le mot "acte", dans le sens où l'emploient Bernadette AUMONT et Pierre-Marie MESNIER (1992).
Dont nous présentons deux compte - rendus des travaux, sous le titre: Echanges de pratiques entre rééducateurs de la Drôme, 1996-1997. (documents en "Annexes").