2-2- Les normes idéologiques.

Les normes d'un système peuvent être idéologiques dans la mesure où elles définissent un idéal vers lequel on souhaite se diriger, des valeurs auxquelles on désire se soumettre ou que l'on désire transmettre, inculquer, dans un acte d'éducation. Elles peuvent se référer à une conception de l'homme et de la société. Ce peuvent être des normes morales: se conduire selon le code moral défini par une culture; des normes sociales de "bonne éducation", savoir ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire dans tel milieu social donné, dans telle circonstance, respecter les règles du "savoir-vivre"; des normes culturelles: celles que se donnait l'humaniste des XV ème et XVI ème siècle, ou, le dernier livre "incontournable" qu'il faut avoir lu pour apparaître comme cultivé; des normes esthétiques, artistiques: les canons de la beauté chez les grecs ou la ligne corporelle requise par les canons de la mode; des normes d'attitudes admises ou souhaitées, de comportements exigés par l'école: être "attentif", "appliqué", "travailleur"...Ces normes sont liées à des principes, des valeurs. Elles sont appréciées par des critères par nature subjectifs. Elles sont issues des idéaux collectifs d'un certain nombre d'individus qui ne sont pas forcément majoritaires. Elles sont avant tout subjectives. Certaines normes fluctuent en fonction du contexte social, des événements politiques. L'acceptation ou le refus du port du foulard ou de la casquette dans les établissements, sont exemplaires à ce sujet. D'autres normes sont beaucoup plus localisées, puisqu'elles dépendent du niveau d'exigences et de tolérance de l'établissement, du maître, mais aussi du moment de l'année ou de la journée, de l'état de fatigue ou d'agacement, du contexte relationnel entre un adulte et un groupe particulier, ou de l'histoire propre à un enfant ou au groupe, etc...Ces normes sont éminemment fluctuantes, évolutives. Nous savons tous combien on est plus indulgent face au "bavardage" d'un "bon élève" que d'un "mauvais élève"...L'histoire nous a appris à quel point elles peuvent devenir dangereuses lorsque le groupe qui en est porteur veut imposer à tous sa définition du "bien", du "bon", pour la société, lorsqu'elles aboutissent à un comportement de dictature politique ou religieuse.Les "normes du groupe" correspondent à des formes diverses de contrôle social de ce groupe. Le groupe met en place, de manière implicite ou explicite, des obligations, des interdictions. Des effets peuvent en résulter sous forme de brimades, de punitions ou de gratifications, de récompenses.

L'enfant, qui est d'abord dans une situation d'absolue dépendance par rapport à ses parents, souhaite intégrer les normes qui sont en vigueur dans sa famille ou dans son environnement immédiat, afin de "faire comme papa" ou "comme les grands" et afin de conserver l'amour de ses parents. Aspirations on ne peut plus légitimes. Il reproduira leurs attitudes et intégrera leurs valeurs afin d'acquérir ou de conserver une place reconnue dans le groupe. L'anxieux fait de même.

Nous avons interrogé le concept de norme dans son aspect social, statistique ou idéologique, parce que ses manifestations apparaissent en premier lieu aux yeux de l'observateur, du statisticien, de l'évaluateur; parce qu'aussi ‘ "le regard social, en tant que représentation collective, constitue une grande force modelante qui peut organiser l'histoire d'une vie." ’ (CYRULNIK, 1989, p. 86). Cependant, il est des normes qui influencent le sujet d'une manière intime, profonde, subjective, et qui déterminent également la manière dont il pourra s'ajuster ou réagir aux normes sociales évoquées précédemment.