L'échec ou les difficultés scolaires: un facteur d'exclusion ou de marginalisation, une souffrance.

Lorsque l'enfant ne s'adapte pas ou mal à l'école, lorsqu'il ne répond pas à ses exigences ou à ses attentes, il se marginalise. Il est marginalisé, de fait, par ses préoccupations, par son "mal-être. ‘ "La marginalité n'est après tout qu'une question d'espace: le marginal est dans le groupe en dehors du groupe, en est exclu ou veut s'en échapper, et pourtant cette évasion/exclusion est mise en scène devant et au milieu du groupe. C'est dans la classe qu'on s'en évade. Qu'est-ce que cet évadé qui s'enfuit devant les autres? Qu'est-ce que cet exclu qu'on met dehors devant chacun? Qu'est-ce que ce lieu obligatoire où le gardien vous met dehors et où dedans on n'est pas là?" ’ (DEBARBIEUX, 1991).

L'échec est toujours une souffrance, même si celle-ci n'apparaît pas au premier abord, même si elle est dissimulée sous des comportements de prestance, en particulier chez les pré-adolescents et les adolescents. Quelles que soient les attitudes extérieures qui voudraient tenter de le démentir, de "sauver la face", personne n'aime être en échec ou en difficulté. ‘ "Certains, si on observe superficiellement, pourraient donner l'impression de ne pas en être affectés; ils demeurent apparemment sourds aux réprimandes comme aux exhortations, mais on doit bien se garder de prendre leur attitude extérieure pour critère de leur sentiment véritable. La gravité de l'échec ne tient pas exclusivement et peut être pas surtout - aux conséquences objectives qu'il entraîne, mais sans doute davantage à ses incidences psychologiques." ’ Guy AVANZINI (1967, p. 167).

Par son symptôme scolaire, l'enfant est donc en danger de marginalisation, puis d'exclusion symbolique, mais aussi parfois réelle, du groupe, de la classe, de la culture. Jacques LEVINE (1993-3, p. 3) insiste sur l'aspect destructeur de ces "mises hors-groupe": toute mise hors groupe est une souffrance pour le sujet et une source de dé-construction non seulement de sa possibilité de vie sociale, mais aussi de son psychisme. ‘ "Face aux difficultés de l'existence...il se forme une expérience de dé-liaison et d'une certaine cassure du vécu des liens de filiation...D'où une image blessée de soi-même qui peut être à l'origine d'une identité négative, et, à la limite, d'un refus anti-évolutif de grandir".