6- Quelle connaissance peut-on avoir de l'enfant et de "sa" difficulté?

Mireille CIFALI (1994, p. 39) s'insurge contre un excès de qualificatifs dont on affecte un enfant en difficulté. Ces adjectifs sont, de plus, toujours négatifs. ‘ " Il n'est pas, ne sait pas, ne peut pas, n'arrive pas. Le verdict est sans appel: il ment, vole, agresse, il est démotivé, inattentif, paresseux, inintelligent. Les adjectifs se succèdent: bavard, dissipé, distrait, rêveur, apathique, borné, méchant, sadique, sale, fuyant, agressif, violent, hystérique, agité, chahuteur, quand il n'est pas arrogant, insaisissable, imperméable... Les adjectifs se bousculent pour cerner un enfant. Un enfant est muet ou bavard; trop ou pas assez actif; trop ou pas assez curieux..." ’. Cette manière de procéder entraîne inéluctablement, selon l'auteur, des attitudes "aidantes" spécifiques: ‘ "La description en négatif entraîne une volonté de transformer, de redresser, d'extirper, de remplacer l'insuffisance par la qualité."( id.).

Chercher à décrire l'enfant a plusieurs conséquences:

  • la première en est, qu'il s'agit de recueillir le maximum d'informations sur un enfant. Comment seront recueillies ces informations? En interrogeant les adultes qui l'entourent.
  • La deuxième conséquence est que celui qui décrit, oublie que, dans toute description et dans toute observation, son regard subjectif objective l'autre et reconstruit la réalité, en privilégiant tel ou tel trait, en omettant telle ou telle dimension.
  • La troisième conséquence est que l'on possède une "illusion" de connaissance, qui n'est, en réalité, qu'un savoir "de surface", du visible, du manifeste, qui ne donne en aucun cas le sens de son comportement, pour le sujet.

Alors, faut-il renoncer à connaître l'enfant et sa difficulté? Sans doute que non, mais il faut trouver d'autres voies pour le faire. Les questions qui se posent à toute équipe pédagogique confrontée à la difficulté d'un enfant, pourrait se formuler ainsi: Comment connaître cet enfant, la nature de ses difficultés et de ses besoins? Compte tenu de cette connaissance préalable, peut-on lui apporter une aide au sein de l'école, et laquelle?