La rencontre avec l'enseignant: une demande réciproque.

Le maître formule une plainte: l'enfant n'est pas conforme à ce que l'on attend de lui: Il dérange, perturbe la classe, gêne le travail pédagogique et/ou le "bon" fonctionnement du groupe. Ou bien c'est plutôt d'une inquiétude dont il est question: l'enfant ne gêne personne, on pourrait même l'oublier, et d'ailleurs, le maître reconnaît que, lui-même étant pris par le collectif, cela lui arrive quelquefois. Cet enfant est triste, ou ne participe pas.

Quels sont les objectifs de cet entretien, centré sur l'enfant? C'est en premier lieu l'occasion pour celui qui analyse la demande, d'approcher une première connaissance de l'élève, par le regard et les paroles de son maître, personnage important dans la vie d'un enfant. Ce regard détermine la conscience qu'a l'enfant de lui-même en tant qu'écolier, l'estime qu'il a de lui-même en tant qu'élève, dans une inscription possible dans la collectivité scolaire 264 . La personne du réseau, par son désir de comprendre, devient, lui aussi, demandeur. Cette réciprocité dans la demande, ouvre à une collaboration possible. C'est aussi l'occasion d'élargir ensemble cette approche de l'enfant, d'inscrire les difficultés que l'élève manifeste en classe, dans la globalité de sa vie actuelle 265 . Au cours de cet entretien, celui qui analyse la demande, tentera de départager ce qui appartient éventuellement à la personne du maître mise en difficulté ou en échec dans sa fonction, dans sa relation pédagogique avec cet enfant, et ce qui concerne l'enfant et ses difficultés.

Notes
264.

"Le regard de l'autre est aussi objectalement créateur, formateur et déformateur, bref, donneur d'existence", déclare Pierre MARC (1983, p. 221).

265.

Marcel POSTIC (1979, p. 99), avance: "L'enseignant privilégie, dans sa représentation de l'élève, les aspects cognitifs de la personnalité de l'enfant et ses attitudes morales face au travail, laissant au second plan les qualités affectives et relationnelles, cela parce que ces valeurs sont liées à la réalisation d'objectifs professionnels suscités par l'institution". Ces paroles de Marcel POSTIC vont dans le sens de ce que Joëlle PLAISANCE et Fabienne SCHERER, avaient mis en évidence dans leur enquête, en 1994 (enquête rapportée dans le chapitre V, point 5).