5-2- Un soutien au désir d'apprendre. Aider l'enfant à retrouver "du sens" à l'apprentissage, à développer des attitudes "d'apprenant".

L'enfant est inclus dans un petit groupe. Ce dernier, en favorisant les échanges entre enfants, est en lui-même une aide à chacun 280 . Il ne s'agit pas d'une "répétition particulière". Le petit groupe d'enfants est particulièrement propice aux tâtonnements, aux échanges, dans une recherche dont l'adulte est un guide, "un accoucheur", et n'a jamais une fonction, ni d'évaluation par rapport à des normes scolaires, à des programmes, ni de comptes à rendre de son avancée par rapport à ceux-ci, ni de jugement, de décision de "passage" de classe, de contrôle, etc...

Le maître de la classe reste seul responsable et garant des apprentissages. L'aide ne peut être efficace que dans le respect des spécificités et des domaines d'intervention de chacun, c'est-à-dire dans une relation symbolisée, référée à du tiers, institutionnalisée. Il est nécessaire que chacun "tienne sa place". C'est ce qu'affirme Yves de LA MONNERAYE: ‘ "Ce qui me paraît essentiel est de se dire que l'une n'est pas l'autre. Pourquoi? Parce que ce qui est utile à un enfant, pour l'aider, c'est de rencontrer un être humain qui ne soit pas en position de toute puissance, donc qui apporte une aide qui par elle-même ne soit pas toute." ’ (LA MONNERAYE, 1994, p. 29). L'aide spécialisée à dominante pédagogique fait intervenir ce que Yves de LA MONNERAYE nomme" ’ ‘ le premier détour": "le maître E non seulement n'enseigne pas, mais encore, il s'interdit de transmettre les apprentissages ’ ‘ . Il renonce à l'enseignement."(1994, p. 33). Un positionnement qui considérerait les difficultés de l'enfant comme "des défauts", "des manques", et utiliserait des techniques correspondant à ces manques, risquerait de cristalliser ce défaut, et de renforcer les blocages de l'enfant à l'égard de l'apprentissage considéré. Ce n'est pas une position facile pour certains, parce que le passé d'enseignant n'est pas toujours très éloigné dans le temps, et cette position nécessite des renoncements. Dans un travail de collaboration, cette position, cependant, est celle qui permet de respecter ce qui est spécifiquement la fonction du maître de l'enfant qui, lui, est garant des apprentissages, et elle aide l'enfant à différencier les tâches de chacun.

L'aide spécialisée à dominante pédagogique, vise à aider l'enfant à voir plus clair dans ses difficultés. Elle se donne comme objectif de l'aider à prendre conscience des méthodes et des stratégies qu'il met en oeuvre pour apprendre. Elle l'aide à clarifier la manière dont il s'organise, travaille, comprend, apprend et mémorise, afin d'ajuster ses attitudes et ses comportements dans un processus d'apprentissage. Cette aide se situe au niveau de la logique d'apprentissage, comme celle du maître, mais par une voie différente. ‘ "Les enfants vont pouvoir parler autour du savoir, autour des apprentissages, autour de ce qu'ils sont, à un être qui n'est pas le garant des apprentissages" ’.(LA MONNERAYE, 1994, p. 30). L'intervenant spécialisé dans l'aide à dominante pédagogique, va se centrer sur ‘ "l'accompagnement de l'élève dans sa fonction d'apprenant" ’ (id.). Yves de LA MONNERAYE désigne ce travail d'élucidation des logiques personnelles de l'enfant, de ses relations aux apprentissages, ce travail de repérage, de clarification, par l'expression "dialogue pédagogique" ou encore "dialogue socratique". (1994, p. 31). L'élève va pouvoir "parler échec" (LA MONNERAYE, 1991, p. 24), avec ce "maître", dans la mesure où l'enfant pour lequel l'indication d'aide spécialisée à dominante pédagogique est bien adaptée, est un élève qui peut parler de son échec, de ses difficultés , à la différence de celui auquel on proposera une rééducation. Il va pouvoir ainsi restaurer et développer avec l'intervenant spécialisé, ses compétences d'élève, des compétences d'apprentissage, grâce à la protection et à la stimulation d'un petit groupe, et avec l'aide d'un adulte qui n'a pas le statut du maître. Avec "ce maître", on peut oser, et on a le temps de poser des questions "stupides". L'enfant pourra transférer en classe les nouvelles attitudes acquises , développées, et mieux apprendre dans sa classe avec son maître.

Les effets de l'aide peuvent apparaître rapidement. L'enfant trouve un grand plaisir à faire les découvertes en ses possibilités et à faire fonctionner sa pensée.

Notes
280.

Il met en oeuvre ce que les pédagogues nomment "le conflit socio-cognitif", processus didactique que nous avons déjà rencontré.