6-1- "Pour fin de non recevoir". Les limites de l'aide.

Son enseignante, lors d'une rencontre, nous a parlé de Jérôme:

"Jérôme est très, très triste. Il ne sourit jamais et parle peu. Il est en grande difficulté en grande section d'école maternelle, et semble être "sur une autre planète". Il donne une impression de "blocage" complet par rapport à tout ce qui est travail scolaire. Il est très maladroit et éprouve des difficultés à coordonner ses mouvements. Il est gaucher. Cependant "il peut surprendre", par certaines réussites, quelquefois. Il semble attendre, mais ne formule pas de demande particulière. On peut l'oublier. On le retrouve dans la même position un long moment après. Il a deux frères. Les parents sont divorcés, et les enfants vivent avec leur mère. Quand le père vient le reconduire à l'école, c'est un véritable déchirement, Jérôme ne veut pas le quitter."’

Jérôme a-t-il besoin d'une aide? Il semble que sa souffrance est grande, même, et surtout, s'il ne demande rien. De quelle aide Jérôme a-t-il besoin? Nous n'avons pas a priori la réponse. Nous pouvons constater que l'aide de la maîtresse a buté sur ses limites. Nous pouvons, d'emblée, avancer qu'une aide à dominante pédagogique ne paraît pas appropriée.

La mère semble ne pas vouloir le savoir, puisque, à notre proposition de rencontre, elle a fait connaître à la rééducatrice, sur le répondeur téléphonique, qu'elle ne se déplacerait pas, que "tout allait bien" et que son fils n'avait "besoin d'aucune aide, d'aucune sorte".

Là, s'inscrit la limite du champ de l'aide. L'école est obligatoire pour les enfants, pas l'aide, et leurs parents sont en droit de la refuser. Toutes les hypothèses concernant leur refus et leur souffrance éventuelle sont envisageables, mais leur analyse et leur traitement éventuel ne sont plus de notre ressort.

Tous les parents ne réagissent pas ainsi.