6-3- Comment se manifestent les difficultés de cet enfant?

Que savons-nous de cet enfant d'après la feuille de demande, après le premier entretien avec l'enseignant, avec les parents et l'enfant?

Paroles mises sur des difficultés.

  • Bruno "se fait facilement oublier" en grande section. "Son travail est en dents de scie. Les relations sont difficiles entre la famille et l'école. La maman est "dépressive" et alcoolique et les cinq enfants sont livrés à eux-mêmes. Bruno n'est volontaire pour aucune activité. Seuls les constructions avec des "Légos", l'intéressent. Il parle beaucoup et se laisse entraîner par son imaginaire." La maîtresse dit "avoir du mal à le cerner". "Il ne fait pas de bruit, rêve, et on peut facilementl'oublier", dit-elle. La maman, lorsqu'elle vient me rencontrer avec Bruno, est accompagnée d'un petit frère du garçon, âgé de deux ans et demi. Elle me donne l'impression de "flotter", sa parole est très lente, et ce n'est qu'après un long moment, que je sentirai l'odeur d'alcool. Bruno déclare que, s'il ne finit pas son travail, en classe, "c'est la faute des autres".
  • Ismène est au CP. Le maître se plaint de sa "dispersion".
  • "Elle veut bien faire, pour faire plaisir, mais s'agite en tous sens, n'écoute pas. Elle connaît ses lettres (en avril), mais ne parvient pas à les associer. La maman a été très malade et la famille semble vivre encore dans l'angoisse. Ismène volait dans les magasins l'année dernière. Il semblerait que ce n'est plus le cas." La mère d'Ismène parlera devant sa fille de sa maladie, de son hospitalisation, de la séparation des enfants entre deux familles d'accueil pendant une année, de sa guérison actuelle.Ismène parlera devant sa mère de sa peur de la voir malade à nouveau, de la peur que tout recommence. Je verrai la fillette s'agiter, se lever, lorsqu'on abordera ce sujet, caresser sa mère, lui prendre la main, lui poser la tête sur la poitrine, et dire qu'elle n'aime pas parler.
  • Alex est au CE1. "Il a "de gros problèmes" en lecture. Il n'a plus de cahier...Il perd tout. "C'est une catastrophe" dit la maîtresse, qui considère Alex comme "très intelligent". Alex a toujours "un bobo" et vient voir la maîtresse. Il est toujours en train de rêver, a "la tête ailleurs". En début d'année, il refusait de dessiner. Puis il détruisait systématiquement ses traces écrites, n'achevant rien. Il se bat moins dans la cour que l'année précédente pendant laquelle il semblait être "le souffre- douleur" des autres." Le père, informé de ma lettre, par l'intermédiaire de l'avocat chargé du divorce, a écrit une lettre pour demander un autre rendez-vous séparé pour une rencontre, ce dont j'informe la mère et le garçon. J'apprendrai que les parents d'Alex, divorcés, entretiennent depuis un an de très mauvaises relations et que le garçon, comme ses deux frères, ne voit plus son père depuis quelque temps. Une demi-soeur est née de son père et de sa nouvelle femme, avec laquelle Alex ne s'entend pas. La mère envisage de vivre avec un nouveau compagnon qui a deux jeunes enfants. La mère insiste beaucoup sur le fait que son fils "met tout à l'envers": les vêtements, les lettres, les chaussures..., que ses résultats scolaires chutent en ce moment de manière catastrophique. Il ne fait plus rien en classe, rêve...
  • Frédéric est en CM1. Il a dix ans. Il était en rééducation depuis un an déjà lorsque je l'ai rencontré, remplaçant une collègue. "Il est en très grande difficulté scolaire. C'est le français qui lui pose le plus de problèmes. L'orthographe n'est même pas phonétique et il est bloqué devant l'écrit. Très instable, il ne reste pas en place et ne peut rester assis. Son père s'est suicidé lorsque Frédéric avait six ans et qu'il se trouvait au CP." La mère de Frédéric évoque sa propre hospitalisation pendant cinq mois à la suite d'un accident de voiture survenu deux mois après la mort de son mari. Frédéric n'en parle jamais, mais elle sait qu'il est resté inquiet. Elle dit tout faire pour Frédéric, l'habillant encore, le lavant, le couchant.
  • "Loïc, en grande section de maternelle,"se disperse". "Bébé, immature, il n'est pas motivépar les activités d'apprentissage, mais il joue beaucoup et participe de temps en temps. Il réussit certains exercices qui ne lui demandent pas trop de réflexion"."Manque de moyens?", se demande la maîtresse. Il ne semble pas avoir de problèmes familiaux particuliers."
  • Angélique est une petite fille peu sûre d'elle. "Elle ne s'intéresse à rien", dit la maîtresse de grande section qui la compare à "une poupée Barbie", "un mannequin". "La mère travaille dans un magasin de vêtements." La maîtresse n'est pas vraiment inquiète, mais demande une aide au Réseau au regard des difficultés d'Angélique à écouter, à se tenir sur une activité, à son besoin constant de la présence de l'adulte auprès d'elle.
  • Roland, en grande section, "a toujours été affreux", depuis qu'il est à l'école maternelle, selon la maîtresse. "Il est opposant, refuse tout travail, toute règle."
  • Victor est en grande section. "Il essaie de temps en temps de faire quelque chose, mais c'est rare. Son père est décédé l'année dernière. Victor vit seul avec sa mère. Des manifestations corporelles gênantes se répètent: sa salive s'écoule tout le temps, et il souffre d'encoprésie. Il peut être très violent, très agressif avec les autres: "il explose", ne se contrôle plus."