8-3- VICTOR...et les autres... Eviter la médicalisation systématique des difficultés de l'enfant?

Qu'en est-il de Bruno, Ismène, Alex, Frédéric, Loïc, Angélique, Roland ou Victor? Tous éprouvent des difficultés à s'adapter à l'école, à s'intégrer dans la classe. Tous semblent éprouver des difficultés à établir des relations sociales et des difficultés à investir les apprentissages.

Leurs symptômes semblent-ils figés, fixés, répétitifs, signes d'une pathologie éventuelle? Un dynamisme, une recherche de solution de la part de l'enfant, semble-t-elle présente? L'enfant joue-t-il? Comment? L'enfant parvient-il à tenir compte de l'autre qui est là? Quels types de relations sociales noue-t-il? Parvient-il à ajuster un tant soit peu ses actes à la réalité?

Pour les autres enfants, rien dans le discours des enseignants ou des parents, ou rien dans leur comportement ou encore dans leurs paroles, ne laisse supposer a priori que les choses sont figées, fixées, que ces enfants aient renoncé à chercher des solutions à leurs difficultés. Rien ne permet d'affirmer que leurs difficultés soient de l'ordre de la pathologie. Des positions éthiques et déontologiques conduisent à vouloir éviter de les médicaliser, si elles peuvent éviter de l'être. Il nous faut pourtant pouvoir confirmer et nous assurer, que leurs difficultés appartiennent au registre des difficultés "normales", et qu'elles peuvent éventuellement se résoudre dans le cadre de l'école.

Cependant, l'équipe du réseau d'aides spécialisées est consciente que ‘ "parfois il est difficile de délimiter l'espace de la thérapie et l'espace de la rééducation..." ’, déclarait Sander KIRSCH, psychologue clinicien, à Strasbourg (1993, p. 92). Cependant, continuait-il, "il faut essayer de garder au maximum le travail avec les enfants au sein du système scolaire. Il ne faut pas entreprendre trop vite un travail psychologique pour quelque chose qui pourrait être résolu par une rééducation. Une rééducation réussie aidera mieux un enfant à ne pas se marginaliser." ’ Jean Pierre KLEIN, psychiatre d'enfants, insiste dans le même sens: ‘ "Il n'est jamais anodin, pour un enfant, de "passer entre les mains" d'un "psy quelque chose", alors qu'il existe un espace où l'enfant n'est pas consommateur de savoir, mais producteur de savoir: la rééducation."(1992).