3-2- De la maison à l'école...

3-2-1- Conditions de possibilité pour se séparer de sa famille.

La deuxième grande opération de séparation de l'enfant, consiste à se séparer de sa famille, pour entrer à l'école. ‘ "Un enfant ne quitte sa famille que pour autant qu'il entre dans la vie sociale et il n'entre dans la vie sociale que pour autant qu'il sort de sa famille."(CLERGET, 1993, p. 5).Il doit donc être passé auparavant du symbiotique au symbolique, et il doit en avoir construit les préalables. Gilbert DIATKINE (1991) énonce,

‘" cinq conditions minimum pour que l'enfant puisse se séparer de sa famille et tirer parti de l'école:’
  1. avoir investi des représentations parentales en tant qu'objets de désir à la place des personnes réelles de ses parents;
  2. avoir investi dans une dominance positive ces représentations pour pouvoir s'en séparer, comme dans un processus de deuil;
  3. avoir fait l'usage du refoulement sous la pression du conflit oedipien;
  4. avoir expérimenté le retour du refoulé à la conscience sous une forme condensée et déplacée sous forme d'histoires (comme dans le rêve);
  5. bénéficier de la métabolisation, de la sublimation, c'est-à-dire d'une désexualisation suffisante de ces représentations refoulées, pour que la pensée puisse s'exercer sans que le surmoi s'en mêle".

La pensée, sinon, est paralysée et censurée. Le matériel refoulé passe de l'inconscient au préconscient, (dans le jeu, dans l'élaboration de la névrose infantile). L'enfant va pouvoirprojeter ce matériel refoulé sur des sorcières, des ogres...dans des contes, des dessins, des histoires qu'il invente à partir de ses peurs...

"Il y a une articulation directe entre les contenus émotionnels et affectifs du vécu de l'enfant et sa disponibilité aux apprentissages" ’, rappelle Philippe THIEFAINE (1996, p. 1). Les cinq conditions énoncées par Gilbert DIATKINE, exigent l'intervention des processus secondaires et un bon fonctionnement du registre symbolique. C'est dire à quel point l'acte d'apprendre est inscrit dans l'histoire du sujet.

Nous interroger sur:

  • ce à quoi l'enfant doit renoncer lorsqu'il entre à l'école,
  • sur les gains qu'il peut en espérer,

nous permet de mieux comprendre sur ce qui fait conflit pour l'enfant, mais permet aussi de nous donner des repères quant à ses "besoins".