3-2-4- Se situer "à bonne distance" des objets d'apprentissage et de l'acte d'apprendre.

La confusion sujet-objet ne permet pas l'apprentissage, une absence de contact non plus. L'évitement de l'objet, dans la phobie par exemple, ne permet en aucun cas de le connaître. Pour qu'il y ait apprentissage, il faut qu'une certaine distance s'établisse avec l'objet à connaître, que cet objet soit séparé du sujet, mais que le contact demeure 379 . Si l'on peut penser à des traits psychotiques chez l'enfant, lorsqu'il y a confusion sujet/objet, la phobie , quant à elle, peut présenter un caractère passager, transitoire, réactionnel à une situation donnée . Une régulation possible vers "une bonne distance" est donc absolument nécessaire. Le rapport distancié aux objets de connaissance ouvre à la possibilité de pensée rationnelle et scientifique.

L'existence d'un espace intermédiaire , entre intérieur et extérieur, permet l'élaboration des émotions, de l'affect, la mise en images par un imaginaire rendu culturellement signifiant, partageable, communicable, par l'intervention du symbolique 380 . Selon WINNICOTT (1971), cet espace est "transitionnel", et correspond à l'espace de l'expérience culturelle. Ces conditions préalables à la capacité de se situer à une "bonne distance" de l'objet d'apprentissage par l'enfant, suppose un bon fonctionnement de l'imaginaire et du symbolique , et une articulation souple entre ces deux ordres. Lorsque cet objet n'est pas "partiel", spécifique, mais qu'il se trouve être l'acte d'apprentissage lui-même, les deux positions: manque de distanciation ou évitement, se révèlent entraîner des conséquences similaires. Un surinvestissement ou un sous-investissement de l'apprentissage par l'enfant peuvent être sources d'empêchement pour accéder à cet apprentissage, que ce surinvestissement ou ce sous-investissement soient liés ou non à ceux des parents envers l'école. Nous retrouvons ici, sous l'angle de la distance aux objets d'apprentissage, ce qui a été dit à propos du désir.

Notes
379.

Sara PAIN (1980), développe cet aspect de la relation de l'apprenant à l'objet d'apprentissage.

380.

Marcelle BRICAIRE (1994, p. 37).