3-3-3- ...des préoccupations qui engluent le sujet, qui l'empêchent de se séparer... des affects ou de l'angoisse inhibitrice...Symptômes et capacités d'auto-réparation.

Il est d'autant moins facile de laisser derrière soi la maison que l'on est préoccupé par ce qui s'y passe en notre absence, ou de ce qui nous attend à notre retour. Certains enfants ont l'esprit occupé par des conflits, des questions non symbolisés, avec lesquels ils n'ont pu prendre aucune distance, qui dépassent leur compréhension, mais les encombrent, les rendant indisponibles aux activités scolaires, que ces préoccupations familiales soient réelles ou fantasmatiques. Certains affects qui sont à l'origine d'une émergence possible de l'angoisse, sont à la base d'inhibitions, de peurs de savoir. Le savoir peut être considéré comme dangereux, ou bien encore interdit. ‘ " ...Les formateurs, les éducateurs, les parents, les apprenants, les responsables institutionnels...oublient trop souvent que ce même cerveau qui est assis sur les bancs de l'école doit aussi apprendre à lire, réciter un poème, compter, écrire...qu'il est aussi celui qui aime, déteste, souffre, a faim, a soif, parle, crie, pleure, rêve, etc..." ’ (TROCME-FABRE, 1987, p. 26).

Ces enfants ne parviennent pas à "poser" leurs préoccupations avant le portail de l'école, et les emportent avec eux en classe...Le maître se plaint de leur rêverie, de leur manque d'attention: ils ont "la tête ailleurs"...L'enfant ne laisse pas une partie de lui-même au porte-manteau du couloir lorsqu'il rentre en classe. Comment être disponible pour apprendre, comment se séparer de ce milieu familial encombrant dans de telles conditions?

Ces préoccupations:

  • les engluent dans la "niche écologique" de la famille,
  • les rendent indisponibles pour effectuer le "voyage" entre la maison et le troisième "monde écologique" qui est celui de l'école et des circuits sociaux.

Il nous faut noter que les enfants que nous rencontrons à l'école, ont, de toutes façons, commencé à nouer les processus de séparation, même si ces processus ne sont pas suffisamment élaborés pour pouvoir bénéficier d'une manière satisfaisante, de l'école . Dans le cas contraire, l'enfant n'est, souvent, pas scolarisable. La question de l'indication d'aide, pour lui, ne se pose pas de la même manière, et, même s'il arrive que l'école maternelle l'accueille, des soins s'imposent 383 .

Notes
383.

Nous retrouvons ici ce qui avait été évoqué à partir du cas de Victor (chapitre VI, points 6-3 et 8-3). Lorsque les processus de séparation ou d'individuation ne sont pas enclenchés, des traits psychotiques du psychisme, appellent, sans conteste, des soins appropriés.