4-1- Etre capable de penser.

Dans sa complexité, la pensée rationnelle est l'activité principale sollicitée chez l'enfant à l'école. Telle qu'elle est requise pour les apprentissages, elle nécessite de la part de celui qui pense et parle, l'exercice de capacités que l'on pourrait regrouper ainsi:

  1. Des capacités qui dépendent directement de la position de l'enfant par rapport à son désir, et de son acceptation à se vivre "séparé". C'est le cas en particulier des capacités à attendre, à différer, à anticiper, à accepter le détour et à travailler et penser seul. Evoquer un objet en son absence, être capable de le représenter, supposent en effet une opération de séparation préalable, et une non-confusion soi / non-soi.
  2. Des capacités en liaison avec la connaissance et la maîtrise de son corps. Les capacités d'attention et de concentration, ce qui concerne l'espace-temps, la capacité à se situer physiquement, psychiquement et socialement, mettent en jeu la dimension corporelle.
  3. Des capacités à se concevoir soi-même comme un élève inscrit dans une collectivité.
  4. Des capacités à évoquer des signes, à manipuler des codes, et à leur donner du sens. Toutes les activités scolaires font appel à la capacité de l'enfant à représenter et à élaborer, à manier des représentations, à utiliser des images mentales issues de l'imaginaire, à utiliser un langage dont on maîtrise le sens et le fonctionnementMarcelle BRICAIRE (1994). .
  5. Des capacités à effectuer des opérations mentales: se souvenir, anticiper, mettre en liaison des concepts, pouvoir généraliser, etc.

Jacques LEVINE (1997, p. 16) dégage quatre grands facteurs qui déterminent des différences de capacités à penser et à apprendre, entre les enfants qui abordent les apprentissages:

‘1. "les inégalités de rythme et d'organisation du développement intellectuel;’
  1. les conditionnements socio-culturels;
  2. l'image qu'il forme de lui et des autres;
  3. sa capacité à neutraliser, ou pas, ses conflits affectifs."

En examinant les diverses capacités requises de l'enfant pour penser et pour apprendre, nous devrions pouvoir mieux connaître et mieux comprendre dans quels domaines ces inégalités se manifestent, en classe, et les difficultés spécifiques rencontrées par certains enfants.