4-2- Etre capable de "se mettre en projet" d'apprentissage, et de s'y tenir...

4-2-1- Le projet d'apprendre: un projet de maîtrise sur soi-même et sur le monde.

Le document ministériel (CNDP, 1991) qui détermine les compétences devant être acquises par l'élève au cours de chaque cycle, stipule, qu'au Cycle 1 410 ,(l'enfant)"prend conscience du pouvoir que donne le savoir et il a envie d'entrer dans les processus d'apprentissages correspondants" ’ (p. 33). La mise en projet, exige de l'enfant qu'il ait construit les capacités et les préalables nécessaires pour pouvoir anticiper. En particulier, il doit pouvoir se repérer dans le temps . Qu'attend-on d'un élève du cycle I? ‘ "Il se situe dans le temps proche...et commence à repérer des déroulements chronologiques différents" ’; quant à celui du cycle 2 411 , ‘ "il se situe dans le passé proche, le futur proche et progressivement par rapport à un passé et à un futur plus lointains."(CNDP, 1991, p. 33).La capacité d'inscription dans le temps, permet à l'enfant de transposer ce désir, dans un projet de maîtrise sur le monde, sur les autres, et sur soi. Il y a apprentissage lorsqu'il y a désir de savoir, de comprendre, de donner du sens au monde, à son expérience: "La capacité de se représenter et de maîtriser ce qui se passe ailleurs est un moteur du désir de connaître." ’ (DIATKINE, 1989, p. 9). Le savoir prend sens pour l'apprenant à partir du moment où il cherche, invente, crée, dans une exploration qui se traduit par une action et une transformation sur les choses et sur le monde. L'information donnée par l'apprentissage doit avoir, pour le sujet, du sens, au présent, mais aussi au passé et au futur.

La pratique éducative n'est pas neutre: elle est un terrain et un enjeu de luttes:

  • sur le plan du savoir,
  • sur le plan des pouvoirs,
  • sur le plan de la construction du sujet.

Le sentiment de l'ignorance peut générer l'angoisse: celle d'avoir à supporter un "creux". La seule façon de supporter cette angoisse est de tenter de boucher "le trou". Apprendre, c'est chercher à combler un manque, c'est tenter d'échapper à l'angoisse possible née d'un vide ressenti. Les métaphores évoquant l'incorporation orale et la digestion abondent, dans le domaine des apprentissages. Il est question "d'anorexie scolaire" ou de "boulimie de savoir". On parle d'appétence ou d'inappétence scolaire, on "absorbe des connaissances", "on se nourrit intellectuellement", l'enfant "avale" ou "boit" les paroles du maître, on a soif d'apprendre ou bien on est affamé de connaissances, puis on les digère bien ou mal, on déguste un poème, on dévore un livre, on manifeste un appétit de savoir, mais on vomit les mathématiques...Le refoulement des pulsions orales et leur sublimation conduit à les transformer, et permet de se tourner vers des apprentissages...S'inscrire dans un projet d'apprentissage suppose d'être capable d'articuler désir, manque et projet d'apprentissage. Il n'est de savoir opératoire que dans le désir de la personne de se construire par l'appropriation de ce savoir. Le sujet s'approprie l'information quand le savoir qui en résultera peut signifier pour lui un "devenir", ce qui renvoie à la construction identitaire du sujet. ‘ "Un apprentissage s'effectue quand un individu prend de l'information dans son environnement en fonction d'un projet personnel" ’ (MEIRIEU, 1988, p. 55).

L'enfant doit avoir construit certaines capacités indispensables, préparatoires, pour pouvoir se mettre en projet.

Notes
410.

Ce qui correspond aux classes de petite et moyenne section de l'école maternelle.

411.

Grande section d'école maternelle, CP, CE1.