4-3-2- Pouvoir lire, c'est être capable d'articuler les différents fonctionnements psychiques.

Etre capable de manier des codes symboliques.

L'apprentissage de la lecture requiert des capacités d'abstraction, des possibilités de compréhension et de maniement des codes, de la part de l'enfant. De l'objet concret à l'ensemble de signes écrits qui l'évoque, du phonème au graphème, le lien est arbitraire, comme l'était déjà le lien entre le mot et la chose, dans le langage oral. Ces signes écrits discontinus obéissent à des lois d'assemblage spécifiques pour former des mots puis des phrases, lois que l'on ne peut déduire de la chaîne parlée continue. Les difficultés de l'enfant, lorsqu'il faut individualiser les mots lors de l'apprentissage de l'écrit, soulignent l'éventuelle mais fréquente difficulté à s'approprier ce nouveau codage. L'acquisition du schème de la permanence de l'objet, mais aussi l'acceptation de règles extérieures à soi, donc du système symbolique, sont nécessaires pour comprendre et accepter que la graphie d'un mot ne dépende pas de la fantaisie de celui qui l'écrit. Permanence de l'objet et conscience de sa propre permanence sont liés, et renvoient à la construction identitaire de l'enfant.

Corinne MOY (1997), rappelle qu'avant d'être un signe de l'écrit alphabétique, la lettre est pour l'enfant:

  • une image ressemblant à la chose;
  • un trait d'identification au même titre que le nom propre;
  • un objet phobique, suscitant des ratés d'écriture ou des défauts de prononciation.

Il est nécessaire que la valeur figurative attribuée fréquemment à la lettre disparaisse, pour que cette lettre devienne une abstraction et un trait différentiel de l'écrit alphabétique, un trait symbolique.