L'enfant doit disposer de ressources en lui-même, qui sont des effets, entre autres, du bon fonctionnement et d'une articulation souple du réel, de l'imaginaire et du symbolique, pour pouvoir apprendre..

Quelles sont les capacités préalables, nécessaires à un enfant pour pouvoir apprendre, liées au fonctionnement du réel, de l'imaginaire et du symbolique, et à leur articulation? La présence ou non de ces ressources de l'enfant, peut éclairer sur la nature de l'aide à lui proposer. Nous proposons de distinguer cinq de ces "ressources" de l'enfant:

  1. Pouvoir vivre son monde intérieur imaginaire, pouvoir épuiser son intérêt pour ses productions fantasmatiques.
  2. Pouvoir "faire-semblant" et pouvoir jouer, en faisant intervenir différentes formes de symbolisme.
  3. Pouvoir élaborer les "éléments Béta" générateurs d'angoisse, en provenance du réel du corps. Pouvoir les métaboliser en les représentant, en les symbolisant, en y mettant des mots. Pouvoir s'en distancier, pouvoir s'en libérer.
  4. Pouvoir se constituer un espace transitionnel, entre intérieur et extérieur, entre monde privé et monde culturel.
  5. Pouvoir "apprivoiser" l'imaginaire, pouvoir l'utiliser comme ressource créative, comme recours. Pouvoir "équilibrer" l'imaginaire et le symbolique.
  6. Pouvoir élaborer de "petites histoires", de "petits mythes", sous la forme de "roman familial" ou de "mythe individuel", en réponse aux inévitables conflits, et aux questions qui n'obtiennent pas de réponse de l'environnement, élaborer ses théories sexuelles infantiles.

Les analyses concernant l'adaptation de l'enfant, son désir d'apprendre, sa capacité à s'inscrire dans les apprentissages et les conditions de possibilité psychiques pour qu'il puisse y réussir, faisaient ressortir un premier axe de l'organisation psychique de la personne: la relation aux objets humains et matériels. La séparation apparaissait comme l'opération fondamentale du sujet, selon cette dimension. Les analyses mettaient en évidence un deuxième axe de l'organisation psychique: le fonctionnement des symboles, et la nécessaire articulation souple des registres imaginaire et symbolique. Un troisième axe de l'organisation psychique revenait comme un leit-motiv , au coeur de toutes les élaborations: la construction par le sujet de son individuation-identité.

Or, l'enfant rencontré lors des séances préliminaires, est un enfant qui, s'il est à l'école, ne parvient pas à construire son identité d'écolier et d'élève. Comment un enfant construit-il son identité? Quels obstacles rencontre-t-il? Peut-on l'y aider, et comment? Notre interrogation nous conduit à reprendre, sous un autre angle d'analyse, des points déjà rencontrés, qui devraient nous permettre de mieux percevoir où en est l'enfant de son parcours. C'est la dernière dimension que nous aborderons, de l'analyse de ce parcours de l'enfant à l'élève, avant de pouvoir déterminer, d'une place de rééducateur, pour chaque enfant singulier rencontré au cours des séances préliminaires, grâce aux éléments recueillis concernant la connaissance de cet enfant, de ses difficultés, de ses besoins, de ses ressources, et de l'aide à lui proposer. Nous devrions alors, pour cette recherche, disposer d'un nombre suffisant d'éléments significatifs pour répondre aux questions: Y a-t-il, dans l'école, des enfants relevant spécifiquement d'une rééducation? A quels besoins de l'enfant celle-ci devrait pouvoir répondre?