L'intervention du symbolique réorganise les modes de relation de l'enfant avec le monde, et sa manière de se concevoir dans le monde.

L'enfant est d'emblée immergé dans le monde symbolique. L'entourage tient un discours sur l'enfant: l'enfant est parlé bien avant la naissance et il entre dans la parole, dans le symbolique, à partir du discours qu'on lui tient. La mère, par son interprétation des cris du bébé, fait entrer l'enfant dans une demande qui prend sens . Dans la même période, l'identité se construit par la nécessaire identification à quelque chose de symbolique, qui dépasse le sujet, comme le nom par exemple. Dans le même mouvement de reconnaissance de son image dans le miroir, la mère nomme l'enfant et authentifie l'image, introduisant le registre symbolique, inscrivant l'enfant par la nomination, dans la famille, dans la société . Si le prénom de l'enfant singularise celui-ci par rapport à ses frères et soeurs, son patronyme sera pour lui un point de ressemblance avec les membres de sa famille, mais le différenciera par rapport à ce qui est extérieur à cette famille. Lorsque l'enfant parvient à faire fonctionner le registre symbolique pour lui-même, il peut, et doit, abandonner le mirage du narcissisme primaire, pour trouver une organisation de la pensée qui satisfasse d'avantage aux exigences du principe de réalité. S'ouvre alors pour l'enfant une phase d'élaboration, de symbolisation, de "re-liaison" (Jacques LEVINE, 1993-1), une phase de dépassement de la crise, de créativité, de construction d'une identité séparée des premières identifications et des premières aliénations. Cette phase correspond à la possible émergence d'un sujet capable d'exprimer un désir dégagé, "séparé" du désir de l'Autre, un désir articulé aux lois humaines culturelles et sociales.