Des blessures sociales.

Dans un grand nombre de familles dont les enfants sont à l'école, les adultes, leurs parents, vivent l'angoisse liée à la précarité de leur travail ou d'une situation de chômage. Le jour même est quelquefois incertain et le lendemain, source d'angoisse. Beaucoup d'enfants sont les seuls à se lever le matin, parce qu'ils viennent en classe. Comment s'inscrire dans la société lorsque l'on est un enfant, et que les parents sont eux-mêmes en difficulté d'insertion, d'inscription, en difficulté de reconnaissance professionnelle et sociale, lorsque ceux-ci ont perdu leurs repères et l'estime d'eux-mêmes? Des difficultés financières, entraînant avec elles des difficultés ou des incertitudes quant au logement, à la nourriture, au lendemain, font que l'incertitude, la peur, l'emportent sur le minimum de confiance nécessaire pour assurer la sécurité de base indispensable à l'enfant pour grandir, pour se projeter dans l'avenir. La peur et l'angoisse se transmettent si facilement...

Une enquête récente du journal Okapi révélait que 40 % des enfants jeunes n'ont plus peur du loup, mais du chômage. Nos écoles sont habitées, dans le contexte actuel, par nombre d'enfants dont les parents ont perdu tout espoir pour eux-mêmes. Comment trouver en soi-même, dans ces conditions, et lorsqu'on est un enfant, la sécurité, la force, la confiance en ses possibilités pour aujourd'hui et pour demain, l'estime de soi, une certaine maîtrise sur le monde, nécessaires pour aller de l'avant, nécessaires pour apprendre? Certains y parviennent, réussissant à construire ce que Jacques LEVINE nomme ‘ "une organisation réactionnelle positive à la défaite" ’, aidés en cela, par l'amour et le regard positif de leurs parents sur eux. D'autres n'y arrivent pas.