L'enfant est porteur de drames familiaux qui dépassent le seuil de la capacité d'élaboration de son psychisme.

Ces conflits qui traversent les familles et qui traversent l'enfant, dont il se retrouve porteur malgré lui, sont autant de vécus de violence et de déliaisons pour lui, chargés qu'ils sont d'émotions, d'incompréhensible, d'affects qui le dépassent et qu'il ne peut élaborer. L'enfant est englué dans des préoccupations qu'il ne comprend pas, qui concernent ses parents, et l'angoisse est là, prête à surgir. Trop souvent, ces enfants se retrouvent dans une situation paradoxale et intenable, d'être "les parents de leurs parents" (LECLAIRE, 1975). André GREEN (1980) en décrit le processus destructeur pour l'équilibre du psychisme de l'enfant dans le cas du "complexe de la mère morte", situation qui correspond souvent à un vécu dépressif et soudain de la mère, qui devient de ce fait, non disponible à son enfant 466 .

Ces enfants qui portent en eux une souffrance qui les dépasse, se présentent comme immatures, instables, incapables de nouer des relations avec autrui, tristes ou trop soumis. Ou au contraire, leur maturité surprend. Les "éléments béta", non représentables, non symbolisés, ce que d'autres nomment le réel, prenant leur source dans les pulsions, risquent à tout moment d'envahir le psychisme, et sont à l'origine de deux effets opposés: sidération ou passage à l'acte. L'enfant est de toutes façons rendu indisponible au fonctionnement de sa pensée, au cognitif.

Nous relaterons le travail rééducatif de Marie-Ange , ce qu'elle a pu jouer, représenter, et élaborer au sein du processus rééducatif 467 .

Notes
466.

Dans le "complexe de la mère morte" décrit par André GREEEN, la mère y est morte psychiquement pour son enfant, et non dans la réalité. Il s'agit d'une déperdition d'amour et non d'une carence totale. Après une période heureuse, satisfaisante pour l'enfant, la mère, entrée dans une période dépressive, désinvestit l'enfant qui ne comprend pas, et cherche désormais désespérément à "réparer" sa mère, tout en se pensant coupable de cette privation d'amour.

467.

Dans la troisième partie de cette recherche.