4- L'enfant a "de bonnes raisons" pour ne pas apprendre...

Notre ambition n'était pas de recenser toutes les "raisons" pour lesquelles un enfant peut ne pas être disponible pour apprendre. En évoquer quelques-unes, comme nous l'avons fait, souligne à quel point ce parcours de l'enfant qui le mène de la maison à l'école, de l'enfant à l'élève, peut être semé d'embûches; à quel point aussi cette analyse de la demande, cette analyse de la situation de l'enfant et la pose de l'indication, la compréhension un tant soit peu fiable de sa situation, est une démarche à la fois délicate et difficile. "Chaque cas est un cas particulier, mais il faut retenir que cet empêchement à se satisfaire dans son désir d'apprendre est toujours intelligent" ’, déclarait Françoise DOLTO (1989, p. 20 ). Si nous répétons cette phrase déjà citée 468 , c'est qu'elle nous paraît porteuse de tout ce qui fera la base de la démarche rééducative et d'une approche compréhensive d'un enfant en difficulté au sein d'une rencontre singulière. Certains enfants vivent des situations tellement difficiles et douloureuses, que l'on est surpris par leurs capacités d'auto-réparation, par leurs ressources.

Si nous reprenons en une synthèse les diverses voies déjà évoquées de la difficulté de l'enfant à apprendre, deux grandes "raisons" semblent pouvoir préoccuper la pensée de l'enfant au point qu'il n'est pas où l'on voudrait qu'il soit, ou bien où il est supposé être:

  1. L'enfant n'est pas disponible parce qu'il n'est pas prêt à entrer dans les apprentissages.
  • Il n'a pas terminé d'élaborer suffisamment ce qui lui est nécessaire de sa construction psychique pour pouvoir entrer dans les apprentissages et dans des relations sociales appropriées avec autrui, pour pouvoir créer des liens symbolisés avec les objets et les personnes, c'est à dire pour s'inscrire dans ce que lui propose l'école.
  • Des questions fondamentales, existentielles, sont restées sans réponse, et encombrent sa pensée. On peut penser que ce que l'enfant est en train d'élaborer pour lui même entre en conflit avec ce que lui demande l'école parce qu'en décalage et non en continuité, et provoque des vécus de déliaisons psychiques.
  1. L'enfant est trop préoccupé par des problèmes familiaux, réels ou fantasmatiques.
  • Des événements de sa vie familiale, des événements de son histoire, réels ou fantasmés, ont été vécus comme des événements traumatisants .

Y a-t-il un lien entre les deux dimensions de cette difficulté?

Notes
468.

Chapitre VII, point 1-11.