5- Rupture de contrat narcissique, difficultés d'adaptation et menace toujours réelle de marginalisation. Une perte du statut de sujet.

En échange de son investissement dans le groupe, que celui-ci soit familial ou plus largement social, les deux étant en interaction, l'enfant demande à celui-ci des garanties quant à la place qu'il peut y occuper, une place en indépendance de la seule décision des parents et du savoir exclusivement donné par la famille, un ensemble de repères identificatoires dans un modèle social reconnu. Ce processus d'échanges est une condition essentielle du mécanisme de l'identification et du développement de l'autonomie du Je. Lorsqu'il y a rupture du contrat narcissique, du fait de la famille ou de l'ensemble du groupe, ‘ "la rupture de contrat peut avoir des conséquences directes sur le destin psychique de l'enfant." ’ (AULAGNIER, 1975, p. 191). Le risque, pour l'enfant qui est déjà en difficulté à l'école, est de se trouver dans l'impossibilité de trouver hors famille les étayages nécessaires à la construction de son Je autonome. Sans avoir des conséquences inéluctablement pathologiques cependant, toute rupture de contrat narcissique, toute mise "hors-groupe", ce que Jacques LEVINE nomme "vécus de déliaisons", a des incidences importantes sur la dynamique de la construction de son psychisme par l'enfant, sur le développement de son autonomie, et sur la construction de ses capacités d'adaptation au milieu dans lequel il se trouve.

L'enfant manifeste son malaise, son mal-être, son angoisse, par une fuite, un évitement, ou une opposition marquée face à tout ce que lui évoquent les apprentissages. Il vit son histoire comme une victime des événements, sans concevoir qu'il pourrait faire quelque chose pour s'en sortir. Il s'agite, devient agressif ou au contraire se bloque, se ferme, mais "il n'y est pas". L'extrême soumission est donc le deuxième versant des mêmes difficultés. Ne sachant où est son désir, l'enfant, non séparé des désirs parentaux, peut se réfugier dans une trop grande soumission aux désirs de l'autre, l'adulte, ou de ce qu'il pense être le désir de celui-ci. L'une et l'autre de ces deux formations réactionnelles font que l'enfant ne parvient pas à ajuster ses conduites aux événements, et dans ses relations avec autrui. Des conduites stéréotypées, rigidifiées, accompagnées d'angoisse, peuvent se manifester, dans la répétition. Sont-elles systématiquement des indices de pathologie?