Un premier préalable: l'autorisation des parents.

L'Ecole a pour objectif, la transmission à l'enfant, de la culture dans laquelle elle est insérée. Le contrat Ecole-famille interdit formellement de toucher à la vie privée de l'enfant. Il y est élève, et en tant que tel, ce statut social lui offre protection. Ivan DARRAULT l'a rappelé fortement lors du Congrès des rééducateurs, en 1986. ‘ " ...l'enfant, le seuil de l'Ecole une fois franchi, devient instantanément un élève, c'est-à-dire qu'il est revêtu d'une "armure institutionnelle" destinée à le protéger d'éventuelles agressions dirigées contre sa personne, et à médiatiser les interventions des enseignants." ’ (DARRAULT, 1986, p. 5).

La rééducation fait l'hypothèse que des questions non résolues entre la vie privée de l'enfant et sa vie scolaire, l'empêchent d'être disponible aux activités et aux apprentissages scolaires, et que cela n'entraîne pas cependant la nécessité de soins . Pour aborder la sphère privée de l'enfant à l'école, l'autorisation des parents est nécessaire. L'institution d'un contrat d'aide entre la famille et le rééducateur est donc nécessaire. Lors de l'étape des entretiens préalables, s'il ne s'agit pas encore de l'instauration de ce contrat, la possibilité doit en être envisagée, et l'accord de principe des parents pour que leur enfant s'engage dans un tel travail, est indispensable.

La mère d' Alex était venue, et avait donné son accord quant aux séances préliminaires, qui commencèrent, et à un éventuel travail rééducatif de son fils. Le père avait été prévenu par l'intermédiaire de son avocat, et avait demandé un rendez-vous séparé. Cette rencontre avec son père était très importante aux yeux du garçon, et il l'attendait avec impatience, comptant les jours, me demandant à plusieurs reprises confirmation du jour et de l'heure. Le père est donc venu, le soir prévu, avec son fils. Il a d'abord exprimé assez agressivement ses grandes réticences envers ce travail auquel "il ne croyait pas", "lui, il n'avait pas eu tout ça, et il s'en était sorti", et avoué qu'il avait eu de grandes difficultés à me téléphoner pour fixer la rencontre, puis à venir.

Nous avons pu parler longuement de la situation difficile d'Alex, partagé entre ses parents. Puis le père a évoqué la situation inextricable dans laquelle il se trouvait lui aussi, entre son ex-femme et sa nouvelle compagne, entre ses enfants, nés du premier mariage, et le bébé qui venait de naître. Le rejet était présent de tous côtés au sein des deux familles. Le père a exprimé que ses enfants étaient en quelque sorte "otages" et enjeux des problèmes des adultes. Il a reconnu la grande préoccupation de son fils par rapport à ces problèmes, et la nécessité pour lui d'en élaborer quelque chose et de se situer, de se trouver une place.

En fin d'entretien, il accordait son autorisation à son fils, m'autorisant par là même à être rééducatrice éventuelle d'Alex, puisque la décision n'avait pas encore été prise par le garçon, et m'interrogeant quant au moment propice pour notre prochaine rencontre...