2 - Entre "savoirs constitués" et "savoirs d'expérience", l'acte professionnel.

L'analyse de ce qui est nécessaire à un enfant pour pouvoir s'adapter créativement au milieu scolaire, pour pouvoir apprendre, pour pouvoir construire son identité sociale d'enfant-écolier-élève, a montré à l'évidence que pour pouvoir répondre à la question posée: Y a-t-il, dans l'école, des enfants relevant spécifiquement d'une rééducation? il est nécessaire de pouvoir se repérer grâce à un certain nombre d'outils conceptuels, tant psychologiques que pédagogiques.

La démarche d'analyse de la situation de l'enfant en difficulté, exige d'avoir à sa disposition des connaissances "constituées", "scientifiques". Il est nécessaire de pouvoir s'y référer, afin de mieux saisir les processus en jeu, afin de mieux entendre et comprendre en quel(s) lieu(x) se situe la difficulté de cet enfant rencontré dans la singularité de son existence, dans la spécificité de son parcours, de son histoire, dans l'alchimie et le "bricolage" de ses symptômes. "Oublier" ces connaissances pour pouvoir rencontrer et entendre l'enfant, le temps de la rencontre, est tout aussi nécessaire. C'est dans le temps où "il ne pense pas" (LACAN, 1967), que le praticien peut "être à l'acte" (id). C'est dans le travail de "l'après coup" des séances, que cet aller et retour entre le vécu de la rencontre et la théorie peut se faire. C'est dans "l'après-coup" des séances, que la pensée s'élabore, se construit.

Cependant, les "savoirs d'expérience" (CIFALI, 1996, p. 126), construits à partir de la subjectivité de l'expérience clinique, issus d'un lent cheminement par "essais et erreurs", tout au long des rencontres avec les enfants en difficulté, évoluent en même temps que se construit l'expérience professionnelle du praticien. Ils intègrent ces connaissances qui elles mêmes évoluent, se complètent, se remanient. Une alchimie singulière, que certains nomment à juste titre "bricolage", articule rencontres avec l'enfant, et connaissances. De ces dernières, le praticien, qui les a faites patiemment siennes, ne sait plus toujours d'où elles lui viennent, dans la synthèse qu'il en a réalisée. (N'est-ce pas une des définitions même de la culture?). "Savoirs d'expérience" et "savoirs constitués" doivent nécessairement s'articuler pour pouvoir poser l'indication d'aide à un enfant.

Dans un deuxième temps, ces connaissances, ces "savoirs constitués", constitueront les repères quant à la praxis mise éventuellement en place, quant au processus ou cheminement rééducatif de l'enfant.