2- L'enfant semble-t-il dans une recherche de solutions à ses conflits, dans une démarche dynamique?

Ses symptômes sont-ils toujours dans le même registre, dans la même répétition, ou stéréotypés, vidés de leur sens même d'appel à l'autre?

Il semblerait alors qu'une psychothérapie soit plus indiquée.

Des symptômes bruyants ou dérangeants, peuvent être considérés comme des manifestations d'appel . D'autre part, de nombreux enfants ne travaillent que lorsque le maître est près d'eux. Ismène s'agite, demande, appelle, sollicite beaucoup les adultes de l'école, "prend" des objets à l'autre. Elle me saute au cou et vient quelquefois contre moi dans la cour, ou s'approche très près, me touche furtivement, lorsque je lui raconte une histoire, rappelant les attitudes avec sa mère lors de notre première rencontre. Tout se passe comme si elle avait besoin de toucher l'autre (dans le sens corporel mais peut-être aussi affectif?) pour le sentir exister, peut-être aussi pour se sentir exister?

Ces manifestations d'appel à l'autre, quelles que soient leur forme, semblent témoigner d'un désir et de capacités "d'auto-réparation " de l'enfant, témoigner de ses tentatives pour se construire, pour se trouver ou se (re)trouver... Pour la théorie psychanalytique, le symptôme est en soi une tentative dynamique du sujet qui tente de régler un conflit réel dans lequel il se trouve pris.

Le "dynamisme" de l'enfant, semble constituer un indicateur de l'aide rééducative.

Jacques LEVINE conseille de faire confiance aux "capacités d'auto-guérison" du sujet, faisant le parallèle avec le chien qui lèche ses blessures. Yves de LA MONNERAYE, à Valence, donnait comme différence la plus pertinente entre rééducation et thérapie, le fait que pour l'enfant, lorsque les choses ne sont pas figées, rigidifiées, mais en construction, lorsque le symptôme est encore dans "une phase appelante", la rééducation peut être la plus indiquée. "Je crois que ce qui convient à ce genre d'enfants, est d'un autre ordre (que pédagogique), et probablement plus en amont, si j'ose dire. Nous sommes dans une phase de construction de la pensée et dans une phase d'appel du symptôme, c'est probablement la distinction la plus pertinente que l'on puisse faire entre rééducation et thérapie par exemple.

Dans le cas de la rééducation, nous sommes dans l'ordre de la construction d'un sujet face aux difficultés de la vie , au moment où il assimile les codes de la culture et où il apprend à les faire fonctionner." (LA MONNERAYE 1994, p. 32 ) 480 . C'est aussi ce que soulignait Bruno NADIN, psychanalyste, dans sa préface au livre de DEPAULIS (1992): ‘ "Cette distinction fondamentale (entre rééducation et psychothérapie)...est essentiellement dynamique, faisant le partage entre les enfants dont l'état s'aggravera régulièrement si rien n'est entrepris dans le cadre d'un traitement psychanalytique, et ceux en crise de croissance psychique dont l'état risque de s'aggraver si on fait n'importe quoi. La plupart des enfants relèvent de la seconde de nos propositions. Ce sont des enfants qui grandissent mal, mais qui grandissent malgré tout. Ils demandent simplement une aide ponctuelle...une ouverture du champ de la parole...Il ne faut pas pour autant tomber dans le contresens qui serait de dire: "tous psychanalystes (ou psychothérapeutes)". Parler de ce qui habituellement est tu ne signifie pas faire une psychothérapie... " (NADIN, 1992) 481 .

Notes
480.

Souligné par nous.

481.

Souligné par nous.