4-2-Conduites et moments régressifs, et mise en œuvre des capacités "d'auto-réparation". Possibilité d'émergence des conflits inconscients.

Rien ne se remplace, rien ne se substitue à autre chose dans l'inconscient. Tout coexiste. D'où le refus de plus en plus marqué par la psychanalyse d'une conception linéaire du sujet selon une approche psychoaffective du développement, qui serait plus ou moins parallèle à l'approche psychogénétique et cognitive de Jean PIAGET par exemple, selon des "stades" qu'il faudrait franchir pour accéder à un hypothétique stade suivant, dans une optique de "progrès". Il s'agit bien plutôt de structures et de positions occupées, positions auxquelles il est toujours possible de revenir à un moment ou à un autre des besoins ou des aléas de l'histoire du sujet. Certains moments clés remanient la structuration psychique du sujet, mais rien ne s'annule, ne disparaît. Pouvoir effectuer des "retours en arrière", semble important pour le sujet. Ces retours lui permettront d' ancrer plus solidement ses modes relationnels aux objets, aux personnes et de réajuster sa manière d'être au monde.

FREUD (1900, p. 566) distingue trois sortes de régressions. La première, est ‘ "une régression topique, dans le sens du système psychologique"(selon l'organisation de l'appareil psychique en trois systèmes: inconscient, préconscient, conscient). La seconde est ‘ "une régression temporelle quand il s'agit d'une reprise de formations psychiques antérieures." ’ (id). Quant à la troisième, c'est ‘ "une régression formelle quand des modes primitifs d'expression et de figuration remplacent les modes habituels."(ibid.)." FREUD précise toutefois que"ces trois modes de régression n'en font pourtant qu'une à la base et se rejoignent dans la plupart des cas, car ce qui est plus ancien dans le temps est aussi primitif au point de vue formel et est situé dans la topique psychique le plus près de l'extrémité de perception." ’ (ibid.).

C'est dire que toute situation qui favorise ou qui permet des conduites régressives, est aussi une situation dans laquelle l'inconscient pourra plus facilement émerger, et avec ses manifestations, les conflits et les peurs qui encombrent actuellement la pensée du sujet, et entravent son libre fonctionnement. Jacques LEVINE (1993-4) présente ces moments de "régressions de séance", "dans les suivis de rééducations ou de thérapies", comme des "facteurs de déblocage de blocages", comme source de remise en dynamique de croissance. C'est la raison pour laquelle il semble plus approprié de parler de "conduites régressives", en rééducation, plutôt que de "régression" qui signerait plus un registre pathologique.

La capacité de Marie-Ange à varier les modes de relation avec l'objet-ballon, montre qu'elle ne s'est pas enlisée dans un type d'activité qui aurait pu être un nouvel enfermement, qu'elle est toujours dans un dynamisme, une recherche. Elle a entrepris sous la forme "d'un tâtonnement expérimental" la reconstruction de ses relations avec le monde , ce que l'on pourrait considérer comme l'objet principal du travail de rééducation...