4-3- Capacité à être seul en présence de quelqu'un d'autre, et constitution d'un espace psychique.

On peut faire l'hypothèse, en regardant agir Marie-Ange lors de ce balancement ou dans certains autres jeux, qu'elle vit ou revit une expérience fondamentale, que WINNICOTT nomme ‘ "la capacité à être seul... en présence de la mère" ’ (WINNICOTT, 1958, p. 331). Dans le transfert, l'enfant peut vivre la rééducatrice comme substitut imaginaire de la mère à ce moment - là, et tenter de construire ou compléter son expérience. L'important est ‘ que "quelqu'un se trouve là, soit présent, sans pourtant rien exiger". (id.) ‘ "Ce phénomène a été décrit comme celui de l'édification d'un "environnement interne" et il s'agit d'un phénomène plus primitif que celui appelé "introjection de la mère" ’. WINNICOTT considère la capacité paradoxale du sujet à être seul en présence de l'autre, comme la preuve d'une capacité à créer des liens. L'enfant peut oublier la présence de l'autre, et ainsi, dans un deuxième temps, se le représenter. Cette capacité de liaison est constitutive d'un espace psychique 548 .

Il est fondamental que "l'aidant" soit suffisamment "déjà là" avec l'enfant, au moment où celui-ci créé un objet ludique (GUTTON, 1989, p. 13).

Notes
548.

Développé au chapitre VII, point 3-1-1.