Nécessité d'une rencontre singulière.

Pour quelles raisons proposer à l'enfant des rencontres singulières, au sein de l'école? "La force de la rééducation est de remettre l'enfant dans une relation duelle, parce que la relation triangulaire ou partagée stimule chez lui trop d'angoisse..." (KIRSCH, 1993, p. 92). Marie-Ange a illustré de manière particulièrement exemplaire la difficulté possible de l'enfant à s'intégrer dans le collectif de la classe. Elle ne s'y exprime pas, elle adopte des positions de repli. L'espace-temps rééducatif a permis une ouverture progressive au jeu et à la parole, dans le lieu scolaire. On peut comprendre que la représentation des affects archaïques, des fantasmes ou des pulsions, nécessite la protection d'un cadre spécifique, à l'écart des pressions et des jugements du groupe, à l'abri des effets de la réalité, dans lequel est garanti le fait que l'on restera sur la scène symbolique, dans une écoute singulière.

Accueillir et écouter le sujet souffrant au sein du processus rééducatif, entendre sa difficulté comme un symptôme, renvoient à la question de la rencontre, et à la place nécessairement différente, en écart, du rééducateur par rapport à celle de l'enseignant. Ce changement de place est d'une importance capitale et détermine la possibilité même du processus rééducatif. ‘ "C'est l'enfant qui se met en position d'enseignant dans la mesure où l'éducateur se met en position d'écoute du désir de l'enfant." ’ (MAUCO, 1975, p. 15).